Mercedes A45 S AMG

La compacte la plus puissante jamais produite par la marque sait aussi se montrer docile

Loïc Depailler
Publié le : 1 août 2019

8 10
Des performances d'une supercar d'il y a dix ans, un comportement ludique (sans même enclencher le mode drift). Pas confortable mais vivable au quotidien sans sacrifice, jolie dehors et dedans. Mais très chère. Et l'infotainment vous donnera des cheveux blancs avant d'arriver à le maitriser parfaitement.

Mercedes AMG A45 S

Au volant

Je vais vous expliquer comment l’A45 négocie un virage. La portion ou l’on freine, tombe ses rapports et braque jusqu’à la corde est tout ce qu’il y a de plus classique et efficace. Mais c’est quand on reprend l’accélérateur que cette petite AMG surprend. Parce qu’il n’y a jamais de sous-virage. C’est grâce à sa transmission intégrale : le système 4Matic+ renvoie tout ce qu’elle peut sur la roue arrière extérieure (la quantité varie en fonction de plein de paramètres contrôlés par l’électronique). Ce qui a pour conséquence de faire dériver tout le train arrière. Mais pas au point d’appeler cela du survirage, à moins d’enclencher le mode Drift qui rend cet effet caricatural.

Ce n’est pas la première fois que j’essaie une voiture qui se comporte de cette manière. La Polestar 1 et la Ford Focus RS ont un équilibre très similaire a cette AMG. Mais lorsqu’on sort d’un virage avec la Benz, on ne se contente pas de débraquer, il faut anticiper la dérive et forcer le volant à revenir en ligne. Dans les virages très serrés, il faut même faire preuve d’une certaine autorité, et d’un peu de muscles.

Le train avant, lui, se fait oublier. Il pointe systématiquement là où l’on braque le volant grâce à l’intervention du différentiel électronique et il n’y pas une once de remontée de couple dans le volant.

Que ce soit en s’extrayant d’un virage ou simplement en ligne droite, la A45 n’a aucune difficulté à faire passer sa puissance au sol. Le temps de réponse du turbo reste sensible à bas régime mais ce n’est pas la zone où vous êtes censé l’exploiter. Il donne le meilleur de lui même à mi régime et haut dans les tours. À partir de 4000 tr/min, l’A45 commence à déménager sérieusement et les performances ne font qu’augmenter de manière exponentielle à mesure que l’aiguille grimpe jusqu’à l’intervention du rupteur à 7 200 tr/min. Champagne !

Mais il y a un mais. Le problème quand la motricité est insondable, c’est qu’on aimerais avoir encore plus de puissance. Mais c’est subjectif, un rapide coup d’oeil au compteur de vitesse vous fera réaliser que vous rouler déjà à une vitesse hallucinante… Et la bande son est très bien aussi, elle s’accompagne même d’un sifflement métallique lorsque l’aiguille arrive dans le rouge. Et non, je n’ai pas trouvé que la sonorité de ce quatre cylindres était synthétique.

Mais revenons un peu en arrière et parlons de ce qui se passe en entrée de virage. Je me dois de préciser que le thermomètre frôlait les 40°C le jour de notre essai et que les freins et les pneus ont eu chaud très vite. Je me garderais donc de critiquer la pédale de frein un peu spongieuse et la direction qui manquait un peu de précision à l’inscription. Il faudra re tester tout cela dans dans conditions climatiques plus clémentes. Seul petit détail agaçant, l’assistance de direction qui en fait un peu trop. Et c’est un des rares paramètres qu’on ne peut pas changer sois même en jonglant entre les modes (il ne devient un peu plus consistant qu’en modes Sport + et Race). Et puisqu’on parle des modes, qui a eu l’idée d’en faire six ?

Notre modèle, équipé de suspensions adaptatives optionnelles, n’était pas totalement verrouillé au sol. Le train avant est relativement souple, l’arrière beaucoup moins (probablement pour mieux encaisser le torque vectoring). À basse vitesse, ça reste plutôt inconfortable, tous modes confondus.  Mais plus on va vite et plus les suspensions s’améliorent. Bon, ne vous attendez pas non plus à un tapis volant en mode full attaque mais l’A45 peut de targuer de suivre imperturbablement sa trajectoire même sur route accidentée. Mercedes a visiblement fait l’effort de lui offrir un châssis à la hauteur de ses (très hautes) performances.

Mieux encore, cette petite AMG reste très fréquentable lorsqu’on se contente de conduire plutôt que de piloter ; les suspensions – moins sollicitées – deviennent un peu plus complaisantes, le moteur la met en sourdine, la boite double embrayage fait dans le velours, elle se conduit du bout des doigts et à 130 km/h, le quatre cylindres ronronne à 2000 tours et consomme moins de 10 l/100 km.

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