Alfa Giulia GTAm


Publié le : 22 avril 2021

Quand Alfa Romeo a décidé de fêter ses 110 ans, la marque italienne s’est dit que l’ambition était une vertu dans la vie. Là où on se serait contentés de poser 110 bougies sur un gâteau au chocolat avec une photocopie du logo Alfa sur le dessus, eux ont décidé de se faire plaisir en produisant bel et bien… une icône.

Et, tant qu’à faire, une icône genre… iconique. Fabio Migliavacca, directeur marketing de la marque, va jusqu’à évoquer le quarantième anniversaire de Ferrari. Vous vous souvenez ? Oui, la Ferrari F40. Dans le genre inspiration, ça se pose là. Au final, voici donc la Giulia GTA et… voilà pourquoi on en est dingues.

 

1  Son appellation met les fans d’automobile dans le même état que des végans au Mondial du tofu.

La seule chance pour Alfa de s’approcher un tant soit peu de l’esprit de la légendaire Ferrari V8 biturbo était de ressortir le badge GTA du congel pour le coller sur une version plus méchante, plus bruyante, plus légère et plus rapide de sa voiture la plus excitante depuis des années. L’Alfa Giulia GTA était née. Mais ce n’est pas tout. Pour tenter de contenter les Alfistes purs et durs accros aux track days, Alfa a décidé de produire une version radicale de sa Giulia… radicale avec la GTAm reconnaissable, entre autres, à son énoOÔÔorme aileron arrière. Oui, c’est celle sur les photos.

2 Un véritable héritage

Ces trois lettres (G, T et A) ont une signification et une histoire. La première utilisation de l’appellation Gran Turismo Alleggerita remonte à 1965 quand une équipe de mécanos cleptomanes allégèrent de 210 kg une Giulia GT qui ne pesait déjà que 950 kg sortie d’usine. Pardon, mais… on parle d’enlever 20 % du poids total. Pour en arriver là, il faudrait que je me nourrisse d’eau plate et que je me fasse poser un anneau gastrique.

Et la nouvelle ? Elle va bien, merci. Elle a moins perdu mais son régime à base de fibre lui a fait du bien. Arbre de transmission, capot, toit, pare-chocs avant, passages de roue, extensions d’ailes arrière et baquets sont en carbone. Quant à la GTAm, elle se débarrasse de ses sièges arrière et ajoute un arceau ainsi que des harnais Sabelt, son pare-brise est plus mince, la lunette arrière est en Lexan et des sangles remplacent les poignées de porte. Poids final : 1520 kg, soit 100 kg tout ronds de moins que la Giulia QV. Certes, c’est moins violent qu’en 1965, mais au moins la nouvelle Giulia GTAm est plus fidèle à son ancêtre que la dernière Alfa à avoir porté le badge GTA, la MiTo GTA. Passons, ou je risque de me mettre à pleurer…

3  C’est un vrai petit monstre

En tout cas, c’est ce qui se dit en interne puisque dès le début du projet, la GTA a été surnommée “il mostro” en interne, ce qui signifie “le monstre” si votre maîtrise de l’italien est un peu rouillée… Évidemment, l’idée d’une Giulia de l’extrême n’a pas pris longtemps à germer. Il y a quelques années, FCA a enfermé une quarantaine de ses têtes chercheuses dans une ancienne usine de bus réhabilitée avec interdiction de sortir avant d’avoir trouvé de quoi inverser la courbe dramatiquement plongeante des résultats financiers d’Alfa. Cette séquestration a donné naissance à la Giulia et au Stelvio. Mais à un moment au cours de ce processus, quelques ingénieurs ont lâché la rampe et se sont laissés aller à pousser le curseur au-delà du raisonnable sur une Giulia. Jugée beaucoup trop extrême sur le moment, leur créature a été enfermée à double tour jusqu’à ce que… quelqu’un demande un jour de quoi fêter dignement les 110 ans de la marque. Tout en faisant oublier discrètement les mauvais chiffres de vente et la disparition des nouvelles 8C et GTV Coupé hybride – mais personne chez Alfa ne le reconnaîtra…

 

4  Elle est très fâchée

La base, à savoir la Giulia Quadrifoglio “standard”, est déjà plutôt trapue, large, évocatrice, en un mot : méchante. La GTA amplifie tout ça. Voyez les GTA et GTAm comme… des QV qui auraient fait une cure de stéroïdes et qui auraient pris un abonnement à la salle avec Dwayne “The Rock” Johnson comme coach. Ça ne se voit pas vraiment sur les images mais les voies sont élargies de 50 mm à l’avant comme à l’arrière. Et pour que la bestialité soit palpable au premier coup d’œil, les jantes de 20” remplissent des arches soulignées, à l’arrière, par des extensions carbone de toute beauuuté.

À l’avant, la lame de spoiler, réglable manuellement, a bien grandi et a profité du partenariat d’Alfa avec Sauber Engineering en Formule 1. Mais le plus impressionnant est le nouveau bouclier avant full carbone et ses entrées d’air béantes accueillant des flaps qui aident à diriger l’air vers les freins ou l’intercooler.

À l’arrière, la malle de la GTA reçoit un élégant becquet façon costume italien sur mesure. Mais si vous voulez la jouer chemise ouverte et chaîne en or sur torse poilu, la GTAm ajoute un aileron carbone aussi discret qu’une fanfare dans une église. Réglable manuellement, il semble augmenter l’appui même à l’arrêt. Joli ? Non. Fonctionnel. Il faut espérer ! Plus bas, on trouve la double sortie d’échappement centrale Akrapovic en titane placée haut dans l’ÉNORME diffuseur carbone. Quant à l’habitacle, la partie arrière de la GTAm débarrassée de sa banquette arrière semble avoir été décorée par Christian Grey.

5  Elle devrait être rapide

Comme elle est toujours en développement (et que les ingénieurs sont restés muets malgré nos menaces physiques…), les performances de la GTA font encore à ce jour partie des grandes questions de l’univers au même titre que “Qu’y avait-il avant le Big Bang ?” et “Que devient le sel du lave-vaisselle ?”. Ce que l’on sait, c’est qu’entre les 30 ch gagnés pour porter le V6 2,9 l biturbo à 540 ch (grâce à une roue de compresseur plus grande ainsi que de nouveaux pistons, ressorts de soupape et système de refroidissement) et son régime à base de fibre, le 0 à 100 km/h perd 3 dixièmes pour tomber à 3,6 s. Avec l’augmentation de l’appui et l’ajout de ressorts à la fois plus légers et plus fermes (qui, nous a-t-on dit, devrait également la rendre plus vivante à l’inscription dans le virage), on rêve de savoir de combien la GTA gratte la Quadrifoglio et ses 7 min 32 s sur le Nürburgring. Mais les Italiens affirment qu’ils ne nous le diront pas. Fa schifo ! Tout ce qu’on a bien voulu nous dire, c’est qu’il s’agirait de la plus rapide de toutes les Alfa Romeo homologuées route et qu’elle a pu être comparée à des engins comme la Porsche GT3 et quelques supercars. Des camarades de jeu sympas pour une berline familiale.

6 Elle est rare et chère

Une chose est d’ores et déjà sûre, la GTA ne sera pas donnée. Pour commencer, la version “normale” avec cinq places sera facturée un peu plus de 171 000 €. Et si vous voulez une version avec moins de sièges mais plus légère, vous allez devoir opter pour la GTAm qui grimpe d’un peu plus de 5000 €. Éh oui ma bonne dame, c’est comme ça que fonctionne l’économie de l’allègement. On est passé du “less is more” au “less FOR more”.

Ceci étant dit, ils savent. Du coup, un casque et une combinaison de pilote aux couleurs GTA vous sont offerts pour toute commande, histoire de faire un peu passer la douloureuse. Vous aimez l’histoire Alfa ? Vous pouvez également opter pour une livrée rétro sur votre GTA ou GTAm. Dernière chose, la production, GTA et GTAm confondus, sera limitée à 500 exemplaires. Est-ce trop ? Jaguar aurait eu beaucoup de mal à écouler les 300 exemplaires de son Project Eight plus puissant, doté d’une transmission intégrale et proposé à peu près au même tarif.

Mais Alfa compte sur son nom, son charme, son histoire et la passion des belles mécaniques italiennes. Bref, tout ce qui fait vendre des Alfa depuis des décennies. Espérons juste qu’elle soit aussi rapide qu’elle en a l’air. En tout cas plus rapide qu’un gâteau au chocolat avec une photocopie du logo Alfa sur le dessus…