Chez Ford, on connaissait tous le fougueux cheval sauvage galopant qui orne la calandre d’une certaine Mustang depuis 1964, mais un peu moins cet impétueux cheval qui effectue une ruade… mais en prenant une pose inverse à celle de Ferrari ! C’est cet équidé qui sert pourtant d’emblème au Bronco, l’ancêtre des SUV puisqu’il est né en… 1966, soit 4 ans avant le Range Rover. Mais toute comparaison avec le 4×4 anglais s’arrête là, le Bronco étant bien plus rustique et populaire.

Son style taillé à la serpe, dicté par un sens aigüe des économies, va à l’essentiel, ce qui lui donne finalement un look d’enfer, reconnaissable entre tous. C’est précisément, cette première génération produite jusqu’en 1978, la plus iconique, que Ford a judicieusement remise au goût du jour à travers ce 6^ème opus… après 25 ans d’absence ! Un design néo-rétro assumé, qui nous fait regretter que Land Rover n’ait pas fait de même avec son tout aussi légendaire Defender, devenu un énième 4×4 de luxe dans une vaste gamme. Le Bronco 2022 préfère jouer à fond la carte de la nostalgie, en héritant de phares circulaires, et de feux rectangulaires verticaux, tandis que la ligne générale, d’une simplicité biblique, semble avoir été dessinée par un enfant.

Tout cela fonctionne à merveille, surtout comme ici en châssis court 3 portes (4m41), la seule carrosserie qui vaille si on veut respecter les codes de l’ancêtre ! Car pour ratisser un plus large public, Ford n’a pas résisté – comme Jeep avec sa Wrangler – à proposer en plus une version longue à 5 portes (4m84), à vocation plus familiale, quitte à perdre en authenticité. Mais en prenant tout de même soin d’en conserver l’esprit, les portes, comme le toit amovible pouvant s’ôter, rendant les balades outdoor encore plus sympas ! Bien sûr, le « new-Bronco » est résolument une voiture moderne, ses optiques étant à LED et les éléments en plastique ayant remplacés le métal chromé. Et la calandre flanquée d’un gros « Bronco » rend, elle-aussi, un hommage appuyé à l’ancêtre, avec ses multiples petites alvéoles caractéristiques.

En se hissant à bord, on entre de plein pied dans le 21^ème siècle, ce qui comporte quelques avantages… et défauts ! Pour les avantages, on note que ce 4×4 pur et dur qui repose sur un châssis de Ranger n’a plus grand-chose de rustique en disposant de tous les équipements de confort modernes. Sièges chauffants, caméras de recul et écrans tactile multifonctions de 12 pouces avec GPS intégré et connexions Apple CarPlay et Androïd Auto sont de la partie, sans oublier un chargeur à induction et des prises USB. Dommage que les compteurs numériques à affichages variables ne fassent pas plus old school sur la forme, en rapport avec le style vintage de la voiture. Et surtout, on peut regretter qu’en l’espace de 50 ans, les américains n’aient pas progressé au chapitre de la qualité perçue ! Outre le recours trop massif à des plastiques rigides à l’aspect souvent cheap, le manque de précision de certains ajustages laisse rêveur. Clairement, une Dacia est désormais assemblée avec plus de rigueur ! Cette regrettable légèreté se retrouve d’ailleurs un peu partout, du capot qui tient manuellement avec une simple tringle, à l’insonorisation bien légère, les bruits d’air devenant trop présents dans l’habitacle passé les 80 km/h.

Pourtant, on garde le sourire, le Bronco distillant un plaisir de conduite rappelant certains vieux 4×4… mais avec un agrément qu’on n’a jamais eu à l’époque. Il faut dire que le mariage entre la boîte automatique à 10 rapports – très douce de fonctionnement- et le « petit » 4 cylindres 2.3 Ecoboost de 304 ch de notre modèle d’essai (chipé aux Mustang et Focus RS), est très convaincant, avec du couple à revendre dès les plus bas-régimes (441 Nm) et une bonne allonge. Ce qui l’est moins, est le niveau de confort pénalisé par la raideur des suspensions, les gros pneus de 35 pouces de notre version baroudeuse « Badlands », montés sur des jantes de 17 pouces, y sont aussi sans doute pour quelque chose. Et en mode « 2H » (propulsion, vitesse longue), il faut prendre garde de bien doser la remise gaz à la sortie d’un rond-point, sur on ne veut pas voir l’arrière passer devant. Un caractère très survireur qui s’annule en basculant en « 4H » (transmission intégrale), rendant le Bronco très fréquentable sur la route, même s’il n’offre pas le dynamisme d’un SUV. Logique, le Bronco étant resté un franchisseur pur et dur, conçu pour évoluer sur tous types de terrain, grâce à sa gamme de vitesses courte, ses verrouillages électroniques des essieux et même la déconnexion des barres stabilisatrices pour optimiser le débattement.

Le seul obstacle qui risque de lui être fatal est plutôt d’ordre financier, Jusqu’à maintenant, le Bronco n’était importé au compte-goutte que par quelques officines spécialisées, comme American Car City, qui a nous mis à disposition cet exemplaire. Une exclusivité qui se paie au prix fort, ce gros jouet très attachant arrivant, après transport, homologation et détaxe au prix prohibitif de… 84 917 € HT, soit 101 900 € TTC, ce qui commence à faire cher du kilo ! Mais Ford a récemment confirmé qu’il importera officiellement le Bronco sur le Vieux Continent. Bonne nouvelle ? Peut-être. On sait que les quantités seront TRÈS limitées, quelques centaines d’exemplaires pour l’Europe, et pas forcément meilleur marché… mais avec un plus gros moteur que notre modèle d’essai. Ford proposera son Bronco avec un V6 Ecoboost 355 ch en finition Badlands (la nôtre) ou Outer Banks, un peu plus… civilisée. Et moins chère ! À partir de 76 500 €, avant malus.

Merci à American Car City pour le prêt de ce sublime exemplaire qui est à vendre.