Très chère Mazda, MX-5, Miata de mon cœur, j’ai une pensée émue en me remémorant notre rencontre en juin dernier. Tu m’avais demandé de te rejoindre en Croatie pour fêter ton restylage et tes 35 ans, tu m’attendais à la sortie de l’aéroport. Quand je t’ai découverte, rutilante sous le soleil écrasant de Zadar, j’ai su que cette escapade serait une parenthèse de bonheur.

Je dois te l’avouer, j’ai eu un petit coup de chaud quand tu m’as demandé si je te trouvais changée. Il m’a fallu quelques (longues) minutes pour remarquer tes nouveaux phares à LED adaptatifs, ton écran tactile plus grand et ton rétroviseur intérieur sans cadre. Reconnais que la question était piégeuse, coquine ! Je sais que tu as aussi une nouvelle robe Aero Grey mais je ne me lasse pas de me perdre dans les profondeurs de cet incroyable
rouge Soul Red Crystal.

Je te l’ai déjà dit, tu n’as pas besoin de changer, pas besoin d’évoluer, ta force c’est justement d’avoir su rester la même au fil des décennies. Ou presque. Tu le sais, j’ai eu du mal avec ton nouveau look en 2015. Je préfère la simplicité des lignes de ton arrière-arrière-grand-mère avec qui je roule au quotidien, une MX-5 NA (que je surnomme affectueusement NA-NA). Mais avec le temps je me suis habitué à tes yeux effilés et à tes courbes plus sophistiquées.

Pour le reste, tu as su rester fidèle à toi-même et c’est là ta plus grande force. Après 35 ans et quatre générations, c’est presque miraculeux d’avoir la même sensation derrière ton volant que derrière celui de NA-NA. La position de conduite, proche de la route, est parfaite. Tout tombe sous la main, c’est comme si l’habitacle avait été construit autour de moi. Avec ton petit levier de vitesse et ta direction qui passe son temps à me chuchoter à l’oreille ce qui se passe sous les roues, je sens que j’ai le contrôle et, si jamais le grip venait à manquer, tu sais me le faire savoir avant que les choses ne dérapent vraiment. Bref, tu sais me mettre en confiance.

Pour quelques semaines encore, tu laisses à tes prétendants le choix entre deux versions. La “petite” 1,5 l, 132 ch et 152 Nm, et la plus… prometteuse 2,0 l, 184 ch et 204 Nm dont la commercialisation cessera en Europe à la fin de l’année. Les normes antipollution auront eu sa peau ! – sic – La première offre un tout petit peu plus de confort grâce une suspension légèrement plus souple. Normal, ses prétentions sont moins sportives. Mais ça la rend plus joueuse, moins verrouillée. À condition de savoir la mener. Honnêtement – on se dit tout, tu le sais – malgré son poids plume de 1003 kg, le manque de couple se fait parfois sentir, tant en ligne droite où elle manque un peu d’allonge, qu’en virage où il est plus facile de la faire partir au transfert de masse qu’à l’accel’. La version plus puissante est plus proche des standards des sportives modernes. Elle distille plus de sportivité – elle s’est même offert un mode Track un peu surfait –, les relances sont plus franches et l’ensemble est plus efficace, notamment grâce à son différentiel à glissement limité. Mais à bien y réfléchir, est-ce de l’efficacité qu’on cherche dans une MX-5 ?

Bien sûr que non ! Ce qu’on cherche, c’est d’abord du plaisir. Mais pas du plaisir superficiel ou du plaisir brutal. Non, du plaisir simple, du plaisir authentique. C’est pour ça que je préfère ta version 1,5 l que je trouve plus proche de l’esprit d’origine de tes ancêtres. Et sache-le, peu de voitures peuvent, comme toi, donner le sourire dès 20 ou 30 km/h. Ce plaisir que tu as su distiller virage après virage, kilomètre après kilomètre. Je me souviens de ces moments magiques sur les routes sinueuses de la côte adriatique, au sommet des falaises surplombant la mer. Tu as été plus qu’une simple voiture, tu as été mon passeport vers la liberté. C’était comme si le monde entier s’était arrêté, et qu’il ne restait que nous deux, unis par cette passion commune pour la route.

Alors oui, tu manques parfois de puissance et de couple, oui ton nouveau “grand écran” 8,8 pouces est déjà trop petit par rapport à la concurrence, et oui ton coffre ne permet pas de partir à deux plus de quelques jours. Mais tu es ludique, amusante, suffisamment puissante pour des balades pleines de plaisir de conduite simple et puis… si la place manque, on partira plus longtemps tous les deux !

Merci, chère MX-5, de m’avoir fait vivre ces moments inoubliables et, surtout, merci d’être ce que tu es : la promesse d’aventures sans fin, de sensations authentiques et de souvenirs impérissables.