Porsche 911 (992) Turbo

Dans la famille 911, je demande la plus redoutable : la Turbo ! Née en 1976, la 911 Turbo a toujours été la violente de la gamme. Place à la version type 992…

Thomas Riaud
Publié le : 21 mars 2023

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Au-delà de ces chiffres incroyables, qui placent presque cette 911 Turbo dans la catégorie des « hypercars », il faut souligner son étonnante facilité au quotidien.

Dire que l’on possède une Porsche 911 n’a plus vraiment de sens. De quelle 911 parle-t-on ? Car entre une 911 de base, très polyvalente, et une GT3, plus radicale et taillée pour la piste, excepté la ligne, il n’y a pas grand-chose en commun.

La toute dernière 911 – la type 992 pour les intimes – apparue en 2019 ne cesse, elle aussi, de multiplier à l’envie les versions. Parmi elles, il y en a une qui fait figure de porte-étendard depuis son apparition en 1976 : la sulfureuse « turbo ». La première, si violente et imprévisible lorsque le gros turbo KKK entrait en action, en a surpris plus d’un, au point d’hériter du sobriquet peu engageant de « faiseuse de veuve ». Cette version de pointe, surpuissante et délicate à maîtriser lorsque la puissance déboulait sans prévenir sur les seules roues arrière, est heureusement devenue, les progrès techniques aidant, facile à prendre en main. C’est ce que je me dis en essayant la dernière-née de la lignée, la 992 Turbo.

En l’espace de 45 ans, il y a eu une sérieuse inflation côté taille, à tel point que d’un strict point de vue « gabarit », c’est désormais le petit Cayman qui s’approche désormais le plus de la taille d’une 911 originelle. Car la dernière mouture, avec 4m54 de long pour 1m90 de large, me fait davantage penser à une Panamera que l’on aurait transformée en coupé ! A force d’embarquer toujours plus d’équipements de confort, pour défendre son titre de GT facile à vivre, mais aussi d’inévitables systèmes de sécurité actifs et passifs, cette 2+2 est devenue obèse, au point d’accuser 1710 kg à vide sur la balance ! C’est beaucoup pour un coupé de Grand Tourisme qui, malgré ses 2 places d’appoint à l’arrière, n’est pas vraiment pratique, le coffre avant se limitant à 128 litres de capacité. Mais les familles nombreuses iront voir du côté des SUV Macan et Cayenne, sans oublier la Panamera citée plus haut.

Car la 911 turbo a bien d’autres atouts à faire valoir, à commencer par son esthétique particulière, identifiable au premier coup d’œil avec son aileron à double étage, ses ailes arrière élargies garnies d’entrées d’air et son bouclier avant spécifique, doté d’ailettes latérales. Ce style hypertrophié n’a rien de gratuit, et se met au service, comme depuis toujours, d’un 6 cylindres à plat. Ce moteur, d’une cylindrée de 3.8 litres, affiche sans nul doute le meilleur rendement au monde pour une voiture de série, en développant ici avec ses 2 turbos la bagatelle de 580 ch, soit 40 ch de plus que sur le modèle précédent. Associé d’office avec l’excellente boîte PDK (à double-embrayage), aussi douce que réactive, comportant désormais 8 rapports, elle doit digérer pas moins de 750 Nm de couple.

Ca ne vous parle pas ? Disons que, pour simplifier, elle peut venir faire rebondir vos orbites au fond de votre boîte crânienne façon balle de ping-pong en expédiant, en mode « Sport Plus », le 0 à 100 km/h en seulement 2,9 secondes ! Une Audi R8 V10 de 620 ch, qui n’a pas la réputation de se traîner, met 3 dixièmes de plus sur le même exercice ! Mieux, en restant « soudé » sur la pédale de droite, comptez tout juste 10,1 secondes pour filer à 200 km/h, la vitesse maxi étant de… 320 km/h ! Au-delà de ces chiffres incroyables, qui placent presque cette 911 Turbo dans la catégorie des « hypercars », il faut souligner son étonnante facilité de conduite au quotidien.

L’électronique venant en renfort, elle gère la motricité sur les 4 roues en privilégiant le train avant afin d’éviter toute perte de motricité. Et pour gagner en agilité, tant en manœuvre que dans les virages, la belle allemande reçoit des roues arrière directrices. Au-delà de son embonpoint, toujours plus conséquent mouture après mouture ce qui se ressent sur l’encombrement, il est difficile de lui trouver des défauts. Même sa consommation moyenne de 12,2 l/100 km paraît raisonnable au regard des performances. Ah, si, tout de même, son prix salé fixé à partir de 188 135 € en coupé (201 815 € en cabriolet), hors de très nombreuses et coûteuses options disponibles, et sans compter un malus indigeste fixé à 50 000 € depuis le 1er janvier 2023. Heureusement, ne dit-on pas que « le prix s’oublie, la qualité reste » ?

 

PostScriptum de l’essayeur :

 

Si vous êtes du genre « large » côté budget et que vous trouvez la 911 turbo un peu juste en accélérations et reprises, sachez qu’il existe pour les furieux de votre espèce la version… Turbo S. On ne fait pas vraiment dans la dentelle ni dans le politiquement correct, le Flat 6 se voyant boosté à 650 ch ! Si la vitesse de pointe progresse encore, au point de taper les 330 km/h, ce sont surtout les accélérations qui profitent le plus de cette cure de chevaux. Ainsi le 0 à 100 km/h est effacé en… 2,7 sec, et le 0 à 200 km/h en à peine 8,6 sec ! Des performances stratosphériques, faisant de cette Turbo S une tueuse de chronos. Outre une puissance fiscale qui fait peur (61 CV !), son prix est fixé à 230 362 €, faut-il le préciser, hors option et malus maximum.

Porsche 911 Turbo S

En savoir plus à ce sujet :

Porsche 911 (992) Turbo

Année
2023
Prix mini
188135 €
Type de moteur
Thermique
Longueur
4530 mm
Largeur
1900 mm
Hauteur
1300 mm
Poids
1715 kg
Boîte de vitesses
automatique
Nombre de rapports
8
Transmission
Transmission intégrale
Puissance
580 ch
Couple
750 Nm
0 à 100 km/h
2,9 s.
Vitesse max
320 km/h
Conso
11,1 l/100km
Rejets
271 g/km CO2

Moteur

Type
Thermique
Nombre de cylindres
6
Cylindrée
3745 cm³
Alimentation
Turbo
Type carburant
Essence
Puissance
580 ch
Couple
750 Nm