Benz Patent Motorwagen

Ceci est la toute première voiture de l'histoire. 135 ans plus tard, a-t-elle encore des choses à nous apprendre ?

Tom Ford
Publié le : 1 janvier 2021

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Oui, on va plus vite en courant. Oui, la suspension est littéralement en bois, et le répertoire dynamique est... limité. Mais cet engin étonnant procure une expérience de conduite hors norme, dont on peut imaginer à quel point elle a bouleversé la donne il y a 130 ans.

Qu’est-ce que c’est ?

Celle par laquelle tout a commencé. Le Big Bang de l’automobile, la Voiture primordiale. On peut faire remonter toute l’expansion de l’univers des véhicules modernes à ce point précis. La (Karl) Benz Patent Motorwagen de 1886 est généralement considérée comme la première véritable automobile de l’histoire. Plus rétro, ça carbure à l’avoine.

L’engin compte trois roues, qu’on ne mesure pas en pouces mais en avant-bras. Il y a un monocylindre 1,0 l à l’arrière, en position horizontale, relié à un énorme volant moteur, lui aussi horizontal, qui empêche l’ensemble de se disloquer. L’allumage est électrique à vibreur. Il y a du cuivre un peu partout. Le carburateur, qui est aussi le réservoir, fonctionne par évaporation, via une une vanne qui régule l’admission. Puissance totale : entre 0,75 et 1 ch à environ 400 tr/min (à vue de nez, puisqu’il n’y a pas de compte-tours…). Soit 730 fois moins que l’actuelle AMG GT R Black Series, en passant. La « suspension » est constituée de ressorts elliptiques, la direction est assurée par une manivelle verticale, la transmission se fait aux roues arrière via deux chaînes, une de chaque côté de l’essieu rigide. Elle est actionnée par une courroie en cuir (reliée à deux poulies), qu’on enclenche avec le grand levier sur la gauche du siège en bois. Pour la marche arrière, il faut mettre pied à terre et pousser. Ou se garer dans une côte.

Cette machine est aussi un très bel objet. Mélange d’automate steampunk, d’orgue d’église et de canapé vintage, c’était plus ou moins la Chiron de son époque. Certes, la concurrence ne courait pas les rues. Karl Benz a peaufiné sa création, qui passera à 1,5 puis 2 ch, et sera produite à quelque 25 exemplaires entre 1886 et 1893 avant d’être remplacée par la Benz Velo. Celle-ci est une reproduction fidèle entretenue par le musée Mercedes, et elle fonctionne exactement comme l’originale à la fin du XIXe siècle. Elle est sans doute un peu plus fiable grâce à des tolérances de fabrication moindres, mais on ne peut pas faire plus authentique.

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