L’avis de Chris Harris sur… la voiture zéro émission

Non, la voiture zéro émission n’existe pas ! Arrêtez de perpétuer ce mythe, par pitié...

Chris Harris
Publié le : 27 mars 2023

Hybride, électrique, hydrogène, Toyota n’a pas encore clairement choisi son futur. En revanche, ce qui me frappe systématiquement dans ses communiqués, c’est l’emploi de l’expression “véhicule zéro émission”, qui m’horripile.

On n’en a jamais construit aucun et pourtant, en une décennie, cette formule est devenue la plus grosse tarte à la crème de la communication automobile. Relisez ces trois mots et dites-moi comment un constructeur automobile, n’importe lequel, peut prétendre que l’une de ses productions répond légalement et moralement à cette définition ?

J’habite à Bristol, une petite ville qui déteste les voitures polluantes. Et il se trouve que j’utilise depuis peu une Citroën Ami au quotidien. Non seulement cet engin est parfaitement adapté à l’usage que j’ai d’une voiture en ville, mais en plus ça fait rager les écolos de ne plus avoir d’excuse pour me cracher dessus comme quand je roule en M5. Tous ceux qui s’arrêtent pour me parler de la petite Citroën – et ils sont nombreux – finissent par prononcer les mots fatidiques et chanter les louanges des voitures “zéro émission”. C’est comme regarder un crocodile qui fait la sieste et en conclure qu’il ne mord jamais. Ça rassure, ça donne bonne conscience, mais c’est une simplification dangereuse.

Certes, lors de sa fabrication, la Citroën Ami émet probablement moitié moins de CO2 et autres joyeusetés qu’une C3. Et ses émissions sont effectivement de zéro lorsqu’elle roule en ville (ou ailleurs, mais bon courage). Sauf que l’électricité qu’elle consomme doit bien être produite quelque part. Ça me dépasse donc qu’en 2023, elle puisse être décrite tranquillement comme “zéro émission”. Les gros pollueurs compensent désormais toutes leurs émissions, mais si l’on est censé croire que les constructeurs automobiles plantent assez d’arbres pour pallier les dégâts environnementaux liés à la production des batteries, alors ils nous prennent vraiment pour des crétins. Comme Volkswagen quand il nous assurait que si, si, ses diesels étaient propres.

L’industrie automobile s’est toujours permis des libertés discutables pour décrire ses nouvelles technologies. Chaque progrès en matière de sécurité, même un saut de puce, a été accompagné d’hyperboles embarrassantes. Tant que le département juridique ne voit aucun inconvénient à valider ce genre d’absurdités, autant y aller à fond, j’imagine… Dans ce domaine aussi, il y a une formule qui me hérisse le poil : “voiture autonome”. Elon la promet depuis une éternité, mais tous ceux qui s’y intéressent un peu savent que c’est encore très loin d’être une réalité commerciale. C’est pire que le “véhicule zéro émission”, ou l’insupportable “hybride autorechargeable” de Toyota et Suzuki, qui se contentent de jouer sur l’interprétation. La voiture “autonome” ne l’est factuellement pas, et il est dangereux de laisser entendre le contraire. Maintenant que j’ai dit ce que j’avais sur le cœur, je vais aller faire un tour avec ma Citroën Ami basses émissions.

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