Audi A1 30 TFSI S-Line

1 litre de cylindrée pour 35 000 €, une affaire ?

Ollie KEW • Niels de GEYER
Publié le : 8 janvier 2019

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L'A1 a tout d'une grande... à commencer par les tarifs. Un effort sur la présentation ne serait donc pas de trop.

Combien ?

35 000 euros. Bon, d’accord : 35 000 euros avec les options et le plein.

Pour une Audi A1 ? Mais ce n’est pas juste une Volkswagen Polo rebadgée ?

Une bonne partie des dessous de l’A1 est en effet issue des citadines généralistes du groupe Volkswagen. Moteurs, boîtes de vitesses, électronique, châssis… C’est sûr, il y a de la Polo là-dedans.

Néanmoins, Audi applique les économies d’échelle avec discernement. Il n’y a rien de honteux à partager ses organes avec une Golf, mais l’habitacle et l’infotainment sur mesure d’une A3 lui permettent de distiller une atmosphère nettement plus chic à défaut d’offrir une conduite plus mémorable.

À l’échelon du dessous, la Polo actuelle est une excellente petite voiture, mais elle n’est pas aussi amusante à conduire qu’une Fiesta (ni d’ailleurs que la Seat Ibiza dont elle partage la carcasse et les organes). L’A1 deuxième du nom a donc du pain sur la planche pour justifier son prix.

Justement, on peut parler du prix ?

Allons droit au but : ce modèle d’essai en finition S-Line, avec sa livrée bleu EDF à toit noir et ses jantes 18 pouces, flirte avec les 35 000 €. Mais à ce prix, il est bardé d’à peu près toutes les options du catalogue, dont la boîte à double embrayage S Tronic.

Rassurez-vous, une A1 n’a pas besoin d’être aussi chère. Si vous consentez à la déchéance sociale et choisissez la finition d’entrée de gamme Design en boîte manuelle, l’A1 peut s’offrir à vous dès 23 470 € avec ce même trois-cylindres 1.0 TFSI 116 ch.

Il doit bien y avoir des moteurs plus intéressants qu’une machine à coudre de 115 ch ?

Il y a aussi deux quatre-cylindres 1.5 de 150 et 200 ch. Le trois-cylindres fait néanmoins très bonne figure avec un 0 à 100 km/h en 9,4 s, ce qui suffit largement en pratique. Il sera rejoint courant 2019 par une variante 95 ch.

Cette A1 est une S-Line, dont les attributs sportifs suffisent à propulser la facture à 27 570 minimum.

Et alors, ça fait quelle impression, une A1 à 35 000 € ?

Assez mitigée, pour tout dire. Regardez-la. Les phares LED de cette S-Line ont un petit look techno pas désagréable mais le kit carrosserie est trop agressif et trop chargé avec toutes ses grilles factices.

Est-ce qu’elle fait chic ? Je n’en suis pas sûr. « Un peu plastoc », tel est le verdict global à la rédac. Elle serait sûrement plus à son avantage dans une teinte plus sombre et dans une finition Design ou Design Luxe plus épurée.

Je pensais plutôt à l’intérieur…

Là aussi, il y a débat. Pour vous, qu’est-ce qui est le plus premium : du cuir et des plastiques généreusement moussés, ou une technologie de pointe ?

Si vous privilégiez la finition, c’est raté : allez directement voir du côté de chez Mini. Le cockpit de l’A1 regorge de plastiques durs. La partie haute des portières (incluant des poignées cheap à souhait) et le tunnel central sont les principaux accusés. Ce n’est clairement pas là qu’Audi a investi, mais directement dans votre champ de vision.

Avec le système MMI Navigation à 2 175 € (l’option la plus coûteuse sur cette voiture), l’écran central passe de 8,8 à 10,1 pouces et gagne un excellent GPS avec affichage 3D et info-trafic. Appréciable, mais avec Apple CarPlay et Android Auto en série, à quoi bon à l’ère de Waze et Google Maps ?

Lui aussi inclus en série, le Virtual Cockpit reste la meilleure instrumentation numérique du marché depuis son introduction sur le TT voici déjà quatre ans.

Audi a mis le paquet sur les écrans ces derniers temps, mais la petite A1 surpasse ici les A6, A7 et Q8. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’au lieu d’attribuer les commandes de la clim à un foutu écran tactile aux touches introuvables sans quitter la route des yeux, elle dispose encore de boutons physiques. De bonnes vieilles molettes à portée de main, qui cliquètent délicieusement sous la pulpe de votre index et de votre pouce. C’est simple, c’est agréable, c’est sécurisant, et paradoxalement ça fait plus premium. Elle est pas belle la vie ?

Elle est sympa à conduire ?

Un peu plus qu’une Polo, pas autant qu’une Fiesta, mais certainement bien assez pour satisfaire sa clientèle. De temps en temps, on entrevoit même une pointe de fun si on y met du sien : l’A1 ne démord pas de sa trajectoire et dégage une agréable impression de légèreté et d’agilité.

Elle est sage, mais elle va là où vous lui dites d’aller avec enthousiasme. Cette A1 est plus joueuse que la précédente. Ça promet pour la S1… Autre bonne nouvelle, elle se montre extrêmement silencieuse, avec notamment une bien meilleure insonorisation mécanique qu’à bord d’une Polo ou d’une Ibiza.

Ce n’est pas non plus hautement interactif, notamment parce qu’il manque des palettes au volant pour pallier les absences de la boîte de vitesses.

Le bon point, c’est que cette dernière se révèle tout de même moins léthargique en ville que celle des Polo qui nous sont passées entre les mains. Préférez tout de même la boîte manuelle : ce petit 1.0 a besoin d’être cravaché et il est plus facile d’exploiter sa courbe de couple avec trois pédales sous les pieds.

Mais je n’ai quand même pas besoin de dépenser 35 000 € pour prétendre à une A1 digne de ce nom, si ?

Certainement pas. En réalité, une 1.0 115 ch Design en boîte manuelle, sans GPS ni fioritures esthétiques, pourra vous coûter moins de 24 000 € même en cochant les sièges chauffants. Mais chez Audi, le principe est justement de cocher un maximum d’options, alors à vous de maîtriser vos pulsions consuméristes…

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