Porsche l’a fait : à la veille des 24 Heures du Mans 2025, ils ont dévoilé une nouvelle voiture de sport. Mais même si elle a des phares, des clignotants et un klaxon, comme une 911, elle ne ressemble à rien de ce qu’on peut acheter ailleurs. C’est un proto d’endurance avec des plaques. Dites bonjour à la fabuleuse Porsche 963 RSP.

Cette version de la 963 LMDh, titrée en WEC en 2024, arrive exactement cinquante ans après qu’un certain comte Rossi a relié Zuffenhausen à Paris par la route au volant d’une 917 très spéciale. Comme cette dernière, la 963 RSP est homologuée pour la route. Enfin, plus ou moins…

Basée sur un nouveau châssis fabriqué spécialement pour l’occasion, elle repose sur une garde au sol légèrement rehaussée pour affronter le vrai bitume de la vraie vie, tandis que les amortisseurs Multimatic ont été verrouillés sur leur réglage le plus souple.

Le plus dur a apparemment été de civiliser le V8 biturbo hybride (dérivé de celui de la 918, rappelons-le) pour lui permettre de rouler au sans plomb standard. Cela ne l’empêche pas de développer encore 680 ch (la puissance à laquelle l’ensemble est bridé en course), mais avec une gestion électronique revue pour plus de progressivité.

Chez Top Gear, on n’a pas oublié le son de la 918. Ni celui de la 963 de course. Et autant vous prévenir, ça va faire du bruit. Sauf quand la 963 RSP roulera – brièvement… – sur la seule partie électrique, qu’elle conserve contrairement à une Ferrari 499P Modificata à la philosophie similaire mais dédiée à la piste (ils ne sont pas fous, ces Italiens).

La plus grosse différence par rapport à la 963 de course se situera bien sûr à l’intérieur. Celui de la 963 RSP est intégralement garni de cuir brun, jusque sur le baquet carbone au rembourrage plus généreux. Il y a la clim, de l’Alcantara sur le ciel de toit et les montants, du cuir sur le volant et… un porte-gobelet imprimé en 3D et détachable. À côté du conducteur, on trouve un emplacement spécial pour accueillir son casque et le volant amovible.

Il a bien sûr fallu modifier la carrosserie. Outre la livrée spéciale « Martini Silver » calquée sur la 917 du compte Rossi et protégée par un vernis triple épaisseur (plutôt qu’un simple wrap comme sur les 963 de course), on note les nouvelles prises d’air, l’aileron simplifié, les optiques revues (avec des clignotants), l’écusson Porsche sur le museau, et bien sûr les supports de plaque. Le tout est posé sur des jantes 0Z 18 pouces chaussées de pneus à profil routier.

Parfait pour son propriétaire, un certain Roger Penske (Roger Searle Penske de son patronyme complet), fondateur éponyme de l’écurie Penske Racing qui engage – notamment – des 963 en tant qu’équipe d’usine. Un unique client pour une Porsche unique.

Cette 963 n’est pas vraiment homologuée pour la route. Elle a eu droit à une dérogation pour rouler au Mans la semaine prochaine, et à l’indulgence de l’Agence de protection de l’environnement (EPA) outre-Atlantique en tant qu’exemplaire unique. C’est qu’il y a un peu plus de paperasse pour ces choses-là qu’en 1975… Urs Kuratle, chef du projet LMDh chez Porsche, n’exclut toutefois pas de refaire quelque chose de semblable par la suite.

Et s’il prenait à Roger Penske l’envie de lancer sa 963 à la conquête de tous les records sur tous les circuits du monde ? « C’est une question qu’il faut poser à son propriéraire, a répondu Porsche à Top Gear. La compétition est au cœur de la marque, et nous sommes toujours curieux. Ce n’est pas à l’ordre du jour pour cette voiture, mais qui sait ? Il ne faut jamais dire jamais… »