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Charlie Whiting, directeur de course de la F1, s’est éteint à l’âge de 66 ans

TG revient sur la carrière d'un personnage incontournable de la F1

La rédaction
Publié le : 14 mars 2019

Nous aurions préféré célébrer autrement l’entame de la saison 2019 de F1 qu’en annonçant la mort de Charlie Whiting, directeur de course de la FIA et personnage incontournable la Formule 1, des suites d’une embolie pulmonaire.

Charlie, âgé de 66 ans, laisse derrière lui une femme et une famille. Dans un milieu réputé pour sa rudesse et ses intrigues politiques, c’était un homme d’une chaleur et d’une décence remarquables.

Inutile de dire que tous les pilotes et les différents acteurs du paddock F1 ont été terriblement émus par cette nouvelle. « J’ai côtoyé Charlie durant toute ma carrière en sport automobile », a déclaré Ross Brawn, directeur général du sport automobile en F1. « Nous avons travaillé ensemble comme mécaniciens, sommes devenus amis et avons passé beaucoup de temps ensemble sur les circuits du monde entier. »

« Je suis dévasté. C’est une grande perte non seulement pour moi personnellement mais aussi pour toute la famille de la Formule Un, la FIA et le sport automobile dans son ensemble. Toutes nos pensées vont à sa famille. »

Le président de la FIA, Jean Todt, a ajouté : « Il a été une figure centrale et inimitable de la Formule 1, incarnant l’éthique et l’esprit de ce sport fantastique. »

Le visage de Charlie est connu de millions de personnes, car c’était lui qui s’installait sur le portique au-dessus de la grille départ pour donner le coup d’envoi de chaque course. En tant que directeur de course et délégué à la sécurité, il faisait partie intégrante de tous les aspects d’un Grand Prix. L’homme était doté d’une patience infinie, d’une grande sagesse et d’un savoir-faire technique exceptionnel. Son rôle le plaçait régulièrement en situation de conflit avec une équipe ou un pilote suspecté d’avoir enfreint les règles, mais malgré l’ambiance fébrile de la F1, son jugement ne fut que rarement, ou jamais, remis en cause. Entre chaque course, il parcourait régulièrement le monde pour inspecter d’autres circuits et s’assurer que chaque site respectait les normes de sécurité très strictes de la F1.

Pourtant, Charlie était un compétiteur dans l’âme. Il a été élevé dans une ferme du Kent, non loin du circuit de Brands Hatch. Il rejoignit l’écurie Hesketh en 1977 mais ce fut son passage chez Brabham – propriété de Bernie Ecclestone à l’époque – l’année suivante qui s’avéra décisif.

En tant que chef mécanicien puis ingénieur en chef, Charlie a coordonné la saison d’un certain Nelson Piquet aux côtés d’un brillant jeune ingénieur sud-africain, Gordon Murray. Quand Ecclestone vendit Brabham, Charlie passa de braconnier à garde-chasse et rejoignit la FIA en tant que délégué technique de la F1 en 1988. En 1997, il fut promu directeur de course ainsi que responsable du département technique de la F1.

 

« En tant que directeur de course et délégué à la sécurité, il faisait partie intégrante de tous les aspects d’un Grand Prix. L’homme était doté d’une patience infinie, d’une grande sagesse et d’un savoir-faire technique exceptionnel. »

 

Plusieurs des membres de Top Gear ont eu le privilège de connaître personnellement Charlie et il nous a marqués par sa passion, sa chaleur et sa bonne humeur. J’ai passé un après-midi mémorable avec lui à la direction de course lors du Grand Prix du Brésil 2012. « C’est effrayant à quel point nous pouvons tout voir instantanément maintenant », me confia-t-il alors qu’il scrutait le mur d’écrans haute définition. « Il n’y a nulle part où se cacher. »

Je l’ai retrouvé l’année dernière pour parler d’une journée typique dans la vie du directeur des courses de la F1, même si ce genre de chose n’existe pas chez un homme occupant ce poste. « Dans le temps, le directeur de course ressemblait à un professeur aboyant ses consignes aux pilotes. Je préfère les impliquer davantage dans le processus. Qu’ils se rendent utiles, dans le fond », me dit-il.  » Parfois le ton peut monter, surtout si la course précédente a été litigieuse. »

En se remémorant la tirade de Sebastian Vettel lors du récent Grand Prix du Mexique, il a fait peu de cas des propos acides de l’Allemand. « Tu te souviens de l’incident entre Piquet et Eliseo Salazar ? [Piquet s’était fait sortir par le Chilien lors du GP d’Allemagne en 1982, et les deux pilotes en sont venus aux mains.] Cela montre l’aspect humain de ce sport. S’il n’y en avait pas, nous pourrions aussi bien mettre des robots dans les voitures. Je perds très rarement mon sang-froid. C’est un signe de faiblesse et j’essaie d’être détendu, abordable et diplomate – sans ordre particulier. »

« J’ai donné le départ plus de 400 GP de F1 mais j’aime toujours autant ce sport. Mais vous ne pouvez pas contenter tout le monde tout le temps, il y 300 millions de fans de F1. Et vous ne pouvez certainement pas contenter 20 pilotes… »

Adieu Charlie, tu vas manquer à beaucoup de monde ici.

Photographie : Darren Heath

Top Gear
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