La PlayStation vient de fêter son 30e anniversaire et, même si le premier opus n’était pas là au lancement, le succès de la plateforme doit beaucoup au studio de Yamauchi-San et à la série Gran Turismo.

À sa sortie en 1997, l’autoproclamé « vrai simulateur de conduite » de Polyphony n’avait pas d’équivalent. À l’époque vous aviez plus de chances de balancer des bananes ou des carapaces que d’utiliser un bouton pour freiner. Il proposait déjà des tonnes de voitures sous licence et vous permettait d’acheter de nouvelles pièces pour améliorer leurs performances.

En plus d’une maniabilité exceptionnelle et d’une incroyable gestion de la physique des véhicules, GT nous a contaminé avec cette collectionite aïgue qui, depuis, est au cœur de la série GT. Bref, les voitures comptent beaucoup. Et parmi elles, certaines comptent plus que d’autres dans l’inconscient collectif. Certaines illustrent la série et vous viennent à l’esprit comme un réflexe pavlovien lorsque vous entendez « Gran Turismo ». Parmi des milliers d’autres, certaines sont de véritables icônes.

Une absurdité technique surpuissante conçue pour remporter la course de côte la plus raide du monde, il s’avère que l’Escudo Pikes Peak de 1998 et ses 985 ch étaient également très utiles contre les Mini Cooper et les Mazda Demio sur Apricot Hill. À tel point qu’une fois que vous l’avez acquise dans Gran Turismo 2, où elle a fait ses débuts, le « game » était pratiquement plié. Même si on ne pliait pas encore le game à l’époque. Mais à partir de là, il ne restait plus qu’à appuyer sur X pour gagner.
L’Escudo est apparue dans presque tous les opus de Gran Turismo depuis, et a été ajoutée à Gran Turismo 7 dans la mise à jour 1.17.

Il est tout à fait possible que vous n’ayez jamais pu vous payer, ni même piloté cette Skyline R33 de course. Son tarif la rendait quasiment intouchable lors de ses débuts en GT2 et elle l’est restée lors de ses apparitions ultérieures. Mais vous avez forcément passé pas mal de temps à la reluquer dans le menu du showroom. Ou encore plus de temps à tryharder pour accumuler des crédits et enfin vous offrir ce graal.
Au début, c’est la livrée qui vous attire. Puis le prix. Puis les promesses de victoires qui vont avec. Avant que la réalité du nombre de courses d’endurance nécessaires pour s’en offrir une ne vous fasse sortir de votre torpeur et que vous ne retourniez bosser. Son six cylindres en ligne 2.7 turbocompressé lui permet de prendre 286 km/h dans les lignes droites, mais c’est l’équilibre parfait et la puissance délivrée qui en font une licorne incontournable.

Le concept du programme Vision Gran Turismo est génial : demander aux constructeurs automobiles de concevoir les voitures de leurs rêves si des choses aussi ennuyeuses que la rentabilité, la sécurité ou les lois sur les émissions n’existaient pas. Et Ironiquement, au final une grande majorité des constructeurs ont fini par proposer des variantes extrêmement similaires d’un même design de base. En bref, elles ressemblent toutes plus ou moins à des GTbyCitroën écrasées.
Toutes sauf une, bien sûr. Le taureau de Bologne n’aurait jamais pu supporter de dessiner des courbes après des décennies de lignes angulaires. La légende dit que si vous plissez les yeux assez fort tout en vous secouant violemment la tête, vous pouvez distinguer un peu de la Countach dans ce concept V12 de 2019 qui a fait ses débuts dans GT7. Perso je dis que ça donne surtout mal au crâne.

Aussi doué soit-il pour simuler les sports mécaniques et organiser des collections d’hypercars, ce que Gran Turismo fait mieux que quiconque, ce sont les JDM. Et comme son mode carrière a toujours été structuré de manière à ce que vous puissiez vous lancer à partir de machines abordables, les listes de véhicules ont toujours dû aller des hypercars hors de prix aux engins plus… raisonnables, tant en termes de puissance que de finances. Comme cette Daihatsu Midget II D-Type.
À la croisée des chemins entre un véhicule à moteur et un équipement agricole de l’époque féodale, il est équipé d’un monstrueux trois cylindres en ligne de 0,7 litre qui pourrait être capable d’excès de vitesse. En descente. Par tempête vents dans le dos. On se moque mais c’est aussi ça la richesse de l’univers Gran Turismo.

Les haters diront que c’est la Supra de Denso qui devrait être ici à sa place, mais de manière tout à fait impartiale : la Supra de Castrol est plus cool.
Pour lever tout risque de confusion, il s’agit du modèle de 1996 sur la photo, mais la Castrol Supra de 1997 est également apparue dans GT5 et GT6 sur PlayStation 3, et c’est ce dernier modèle qui a été ajouté à GT7. Quoi qu’il en soit, les deux variantes sont iconiques et font partie des premières voitures auxquelles on pense quand on pense à Gran Turismo.
Courir avec l’une d’entre elles dans la version PS1 originale était magique. Les voitures de course étaient beaucoup plus rares à l’époque, et les sensations que cet engin transmettait, même avec une vieille manette PS1 poussiéreuse sans gâchettes ni sticks analogiques, était incroyables.

Conçue par Adrian Newey lui-même alors que le programme de F1 de Red Bull entamait son quatrième doublé de titres de champion des pilotes et des constructeurs, la X2010 offrait un appui entre l’infini et au-delà, et une distance de freinage de la longueur d’un CD de jeu.
Rapide et efficace ne sont pas les bons mots pour la décrire. C’est un véhicule tellement performant qu’il en est assez difficile à conduire au début. Et pas parce qu’il est imprévisible ou qu’il manque de traction, mais plutôt parce qu’il y a tout simplement trop de vitesse et d’adhérence pour savoir quoi en faire. Quant à son look à mi-chemin entre une F1 et un proto, il donne l’impression qu’elle vient d’être larguée d’une navette spatiale de passage au-dessus du Mans. L’un des engins les plus rapides de Gran Turismo 5.

Si vous trouvez qu’il y a pas mal de voitures de course japonaises de la fin des années 90 au début des années 2000 dans cette liste, la seule réponse à ça est : bienvenue dans Gran Turismo.
Aucune autre série de jeux de course à l’époque ne reproduisait les véhicules du championnat GT japonais. Donc pour de nombreux joueurs aux yeux de biche, la série Gran Turismo était leur premier aperçu de ces machines vénérées. C’est avec cette Mugen NSX qu’Honda a remporté le championnat JGTC 2000. Et pour marquer le coup, Polyphony lui a donné un rôle principal dans la cinématique d’ouverture de Gran Turismo 3 et en a fait l’une des voitures de fin de jeu les plus incroyables de la ludothèque mondiale. Un graal pour lequel les joueurs étaient prêts à rouler pendant des dizaines (centaines ?) d’heures pour avoir une chance de le posséder.

Le projet GTbyCitroën, est en grande partie né grâce à la proximité du designer japonais Takumi Yamamoto arrivé chez PSA en 2001, et de Kazunori Yamauchi, président de Polyphony Digital (oui, ça aide…). Le succès fut tel que Citroën décida d’en produire une version roulante présentée au Mondial de l’Auto de Paris 2008.
Beaucoup ont rêvé, en vain, de voir cette GTbyCitroën produite en (très) petite série. Mais si le projet n’a pas eu de descendance chez les chevrons, on peut estimer que c’est grâce à ce concept qu’est née la série des concepts Vision Gran Turismo à laquelle tous les constructeurs, ou presque, ont participé. Et après Porsche, Ferrari, Skoda et Genesis, les prochains concepts attendus seront signés GM Design, Tesla ou… Jordan !