Ancien pilote de course, propriétaire d’une écurie de Formule 1 et animateur de l’émission Top Gear, Eddie Jordan est mort le 20 mars. Celui qui fut l’un des personnages les plus populaires, influents et charismatiques de la F1 se battait depuis un an contre un cancer.

« C’est avec une profonde tristesse que nous annonçons le décès d’Eddie Jordan, officier de l’ordre de l’Empire britannique, ancien propriétaire d’une écurie de F1, consultant TV et entrepreneur », a indiqué sa famille dans un communiqué. « Il s’est éteint paisiblement, entouré de sa famille, à Cape Town aux premières heures du 20 mars 2025 à l’âge de 76 ans, après avoir lutté contre une forme agressive de cancer de la prostate au long des 12 derniers mois. »

« EJ apportait une bonne dose de charisme, d’énergie et de charme irlandais partout où il passait. Nous ressentons tous un grand vide sans sa présence. Il manquera à beaucoup de monde, mais il nous laisse nombre de formidables souvenirs pour nous aider à garder le sourire dans l’adversité. »

Eddie Jordan a découvert la course automobile via le karting en 1970. Il a remporté divers championnats locaux de karting et courses de Formule Ford, puis le championnat irlandais de Formule Atlantic en 1978. Il est passé à la F3, à la F2, a brièvement testé une F1 McLaren et a couru les 24 heures du Mans 1981 au volant d’une BMW M1 avec le manager de Pink Floyd Steve O’Rourke (abandon sur casse moteur à 2 heures de la fin).

Mais c’est en tant que propriétaire/directeur d’écurie et découvreur de talents qu’Eddie Jordan s’est vraiment révélé. Après une série d’accidents en course, il se reconvertit dans le management et fonde Eddie Jordan Racing. En septembre 1982, il offre à un certain Ayrton Senna son premier test en F3, mais le Brésilien signe avec le Western Surrey Racing pour la saison 1983 qu’il remporte après une lutte acharnée face au pilote Jordan Martin Brundle. L’écurie remportera le titre 1987 avec Johnny Herbert, avant de s’engager en F3000 où elle s’imposera en 1989 avec Jean Alesi.

Jordan Grand Prix débarque en Formule 1 en 1991. Au Grand Prix de Belgique, il lance dans le grand bain un jeune Allemand du nom de Michael Schumacher, auprès duquel Flavio Briatore s’empresse de surenchérir pour Benetton. L’écurie Jordan n’en devient pas moins un pilier du milieu de grille avec des pilotes comme Rubens Barrichello, Eddie Irvine, Martin Brundle, Giancarlo Fisichella ou Ralf Schumacher.

En 1998, Jordan signe le champion du monde 1996 Damon Hill, qu’il a déjà fait rouler en F3000. L’écurie signe sa première victoire – un doublé Hill-Schumacher – lors de l’apocalyptique Grand Prix de Spa 1998, avant de se battre pour le titre pilote l’année suivante avec Heinz-Harald Frentzen. Celui-ci termine troisième du championnat, tout comme son écurie qui redescendra lentement mais sûrement dans la hiérarchie au fil des saisons suivantes.

Après avoir vendu Jordan Grand Prix en 2005, Eddie est devenu consultant F1 pour la BBC puis pour Channel 4. En 2016, il a exploré une nouvelle facette de sa passion pour l’automobile en devenant l’un des présentateurs de l’émission Top Gear.

« J’ai eu une petite Mini 1000, une Mini Cooper, avait-il déclaré à Top Gear à l’époque. J’ai abaissé la suspension et je lui ai mis de petites jantes en magnésium. Elle avait aussi un tout petit volant en cuir, un baquet pour moi et un échappement direct. Je l’adorais. »

Interrogé sur son pilote de F1 préféré, il avait répondu sans hésiter : « Je ne suis pas objectif. Ayrton Senna, de très loin. C’était un personnage hors du commun. Calme, très aimable, chaleureux. Une fois, il m’a conduit depuis le centre de Sao Paulo jusqu’à l’aéroport. C’était quelque chose de spécial. C’était un homme incroyable. Je l’adorais. »

« Nous sommes profondément tristes d’apprendre le départ soudain d’Eddie Jordan, a déclaré le patron de la F1 Stefano Domenicali. Avec son énergie inépuisable, il savait toujours comment donner le sourire aux gens, et rester authentique et brillant quoi qu’il arrive. Eddie a été un pilier de son époque en F1 et il nous manquera beaucoup. »

« RIP, mon ami, a écrit le commentateur de la F1 sur Sky Sports et ancien pilote Jordan Martin Brundle. Condoléances à chaque membre de ton adorable famille. Une personnalité. Une rock star. Un racer. Tant de pilotes te doivent tant de choses, tu nous a donné notre chance et tu as cru en nous. »

« Nous sommes tous très tristes et sous le choc, a déclaré quant à lui Damon Hill. […] Eddie a eu beaucoup d’influence sur moi et sur beaucoup d’autres personnes dans le sport automobile et dans le monde. Il n’y en aura jamais un autre comme lui. »