Toyota GR Yaris

La meilleure Toyota de tous les temps ? Ça se pourrait bien...

Ollie MARRIAGE • Niels de GEYER
Publié le : 16 novembre 2020

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Non seulement il fallait la produire, mais il fallait la réussir : notre gratitude éternelle à Toyota pour ce petit chef-d'oeuvre et futur collector. Précipitez-vous pendant qu'il est temps.

Au volant

La GR Yaris se conduit comme on n’osait même pas en rêver. On espérait un petit poney fougueux, et c’est à peu près ça. Il n’y rien de comparable sur le marché. Elle a le gabarit d’une Ford Fiesta ST, mais l’attitude de quelque chose de beaucoup plus agressif. Sans toutefois afficher la rigueur implacable d’une Civic Type R : c’est une voiture de rallye dans l’âme, pas une pistarde monomaniaque. Elle veut juste s’amuser.

Elle met à l’aise dès qu’on prend place à bord : de bons sièges, des commandes bien calibrées, aucun jeu dans la direction, les freins ou le levier de boîte. On n’est pas encore sorti du parking qu’on l’aime déjà. D’autant qu’elle fait un bruit rauque fort sympathique. Peu de petites sportives – ou de sportives tout court, d’ailleurs – parviennent à faire un sans faute sur ces fondamentaux.

À basse vitesse, la suspension sautille un peu. C’est une auto courte, large, et raide, ce qui impliquera forcément certaines concessions. Les bruits de roulement sont assez présents dès qu’on accélère, mais la structure renforcée de partout n’émet pas la moindre vibration et donne toute latitude à la suspension pour travailler sereinement. Jamais je ne me suis surpris à chercher le bouton d’une suspension pilotée inexistante. La GR Yaris prouve qu’avec le bon set-up, il n y’a pas besoin de se disperser dans une multitude d’options. D’accord, elle n’est pas aussi reposante qu’une Golf GTI en cruising. Elle tire à 2 800 tr/min à 110 km/h, et ce n’est pas une auto qu’on mène du bout des doigts.

Le mode Sport est l’une des principales attractions avec ses 70 % de couple sur l’arrière. Sur circuit, c’est un régal. On peut jeter la Yaris dans un virage, éventuellement avec un appel-contre-appel pour bien la caler, puis écraser l’accélérateur et ressortir en entretenant la dérive. Sur route, pour pallier le léger sous-virage initial, mieux vaudra opter pour le mode Track. Là, à condition d’avoir opté pour la version Track, on peut remettre les gaz très tôt. Avec 50 % du couple sur les roues avant, le Torsen se met alors à l’oeuvre pour extraire la voiture proprement. Et violemment, sans une once de sous-virage. C’est une expérience addictive, surtout si vous voulez en profiter pour apprendre le freinage pied gauche et que vous commencez à accélérer au milieu du virage tout en restant sur les freins, avant de les relâcher complètement pour ressortir pleine balle. Peu de voitures vous laissent utiliser l’accélérateur et le frein simultanément. Cette Toyota, oui. C’est peut-être un détail pour vous, mais pour nous ça veut dire beaucoup.

Autre petite attention appréciable : le frein à main manuel, qui permet de bloquer le train arrière d’un petit coup de poignet. C’est bien simple, c’est le meilleur frein à main qu’il m’ait été donné de tirer, hors voitures de rallye.

Bref, une adorable petite teigne qui ne demande qu’à être cravachée, et vous accompagne ensuite à chaque étape. Elle a tout de même quelques petits défauts : le ressenti de la direction et des freins manque par exemple de naturel, mais comme ils réagissent immédiatement et proportionnellement à votre impulsion, la confiance est là. La commande de boîte est ferme et bien guidée. Et quel plaisir de ne pas se noyer dans la technologie, de retrouver une vraie voiture analogique, et de sentir en parfaite symbiose avec elle.

Le moteur vaut lui aussi le détour. Sur le papier, nous craignions que les 261 ch paraissent un peu courts maintenant les super-GTI dépassent couramment les 300 ch. Mais toutes ces dernières rendent aussi quelque 150 kg à la Yaris… Ce petit trois-cylindres 1.6 est étonnamment hargneux, en particulier entre 4 et 6 000 tr/min. En-dessous de 3 000, on reste un peu sur sa faim, mais ensuite, il ne faiblit plus jusqu’à la zone rouge. Et il chante juste. Même enrichie artificiellement, la sonorité est plaisante, et plus démonstrative qu’on s’y attendrait. Ça aussi, ça encourage à rester pied dedans. Le débattement court du levier de boîte permet d’en profiter pleinement. Le bouton iMT sur la console centrale permet d’enclencher le talon-pointe automatique mais avec un peu d’habitude, on peut faire mieux que le système, et c’est plus gratifiant.

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