Les constructeurs coréens ont beau tailler des croupières aux européens depuis quelques années, le sport auto a toujours du mal à prendre chez eux. Le Grand Prix de Corée organisé entre 2010 et 2013 n’a pas vraiment aidé. Le circuit était à peine terminé pour la course inaugurale, et était tellement peu utilisé entre deux Grands Prix que des écuries auraient retrouvé des restes de repas moisis de l’édition précédente. Et bon appétit bien sûr… Il a été question de bâtir une ville autour du circuit (une espèce de Monaco à l’envers…), mais ce n’est jamais arrivé et seules quatre des sept courses prévues sur le contrat initial ont eu lieu. Une décennie plus tard, la F1 n’y est toujours pas retournée.

Feu le circuit de Valence était si ennuyeux qu’en 2009, pas un seul dépassement n’y a été enregistré. Ce genre de stats ne se retrouve habituellement qu’à Monaco qui, outre son cadre glamour, a au moins le mérite d’être passionnant pendant les qualifications. La F1 a fini a par se réveiller de sa sieste et bannir le circuit du calendrier en 2013. Il vous a manqué ? Nous non plus.

Autre tilkodrome des années 2010 qui a raté son entrée dans la discipline, le Grand Prix d’Inde n’a été organisé que de 2011 à 2013, sur le circuit de Buddh. Celui-ci se voulait pourtant propice aux dépassements avec ses larges virages et sa longue ligne droite, mais son coût a fait scandale dans un pays profondément inégalitaire. Quand le gouvernement a refusé de subventionner l’événement alors que la F1 exigeait des droits d’entrée toujours plus élevés, le sort du Grand Prix était scellé, et ce circuit à 250 millions de dollars a quitté le championnat.

Celui-là n’a eu lieu qu’une seule fois, en 1984. Ce fut l’un des nombreux faux départs de la Formule 1 aux Etats-Unis. Les pilotes ont détesté la température de presque 40°C à l’ombre, le revêtement complètement pourri et l’absence de dégagements. Bref, un univers impitoyable. Une demi-heure avant le départ de la course, un bout de piste était colmaté au ciment à prise rapide… Le Grand Prix n’a pas été reconduit l’année suivante, remplacé avantageusement par l’Australie.

Là, on parle carrément d’un Grand Prix mort-né. Cette piste tracée dans les avenus de Hanoi était censée être étrennée par la Formule 1 en avril 2020, mais la pandémie en a décidé autrement. Le premier Grand Prix a donc été reporté à 2021… puis annulé quand un membre du comité d’organisation a été arrêté pour corruption. Max, Lewis, Charles & co n’ont donc jamais eu l’occasion de rouler là-bas. Dommage.

Après des débuts très encourageants, le Grand Prix des Etats-Unis a été torpillé lors de l’édition 2005 quand toutes les écuries chaussées par Michelin sont rentrées aux stands après le tour de formation, faute de pouvoir passer le banking du dernier virage en toute sécurité. Résultat : une parade ridicule des deux Ferrari devant des Jordan et Minardi habituellement abonnées au fond de la grille. Le tout devant plus de 100 000 spectateurs un poil fumasses d’avoir payé pour cette mascarade… Ils seront remboursés par Michelin, mais la F1 attendre vingt ans avant de revenir aux Etats-Unis. Elle peut dire merci à Netflix pour cela.

Autre tentative sur le sol américain, autre désastre. Il y aura deux éditions en 1982 et 1983, avant que la F1 abandonne le circuit au CART. La piste était un tourniquet insipide tracé sur le parking du casino éponyme à Las Vegas. Les pilotes ont souffert de la chaleur, les spectateurs se sont à peine déplacés. Le nouveau Grand Prix de Las Vegas ne peut que mieux se passer mi-novembre.

En 2007 et 2008, le Grand Prix du Japon a délaissé le mythique circuit de Suzuka pour prendre ses quartiers sur le Fuji Speedway. Ce fut une erreur. L’accueil des spectateurs a été catastrophique. Certaines des tribunes ne donnaient même pas sur le circuit, ce qui a donné lieu à des procès par la suite. Et il était impossible de se nourrir sans payer des fortunes. Retour à Suzuka dès 2009.

À l’heure où nous écrivons ces lignes, la F1 n’a couru au Qatar qu’une seule fois. C’était à la fin de la saison 2021, deux courses avant son dénouement controversé. Le Grand Prix n’a pas été éjecté du calendrier parce qu’il était mauvais, mais parce que le Qatar était un peu occupé avec la préparation de la Coupe du monde de football 2022 (en parlant de controverse…).

Il n’empêche que la course en 2021 était une catastrophe. Un public absolument pas concerné, pas le moindre virage intéressant, juste quelques dépassements au DRS dans la ligne droite des stands. Et franchement, la F1 avait-elle vraiment besoin d’un énième Grand Prix dans le désert, organisé par un pays caractérisé aussi bien par son absence d’héritage en sport automobile que par son interprétation bien à lui des droits de l’Homme ? Evidemment que non.