En 1998, un petit coupé aux lignes Bauhaus toutes simples propulsait le design Audi dans une autre dimension. Un quart de siècle et deux autres générations plus tard, voilà que le TT tire sa révérence : l’heure n’est plus aux voitures insouciantes, il faut faire de la place aux SUV électriques. Avant de baisser le rideau sur le TT, Audi a tenu à lui concocter une ultime Iconic Edition, évidemment basée sur le TT RS, son légendaire 5 cylindres turbo de 400 ch et sa transmission intégrale.

Outre une superbe livrée gris Nardo imposée, elle y ajoute quelques fanfreluches à bord et surtout un kit carrosserie gratiné, au risque de dénaturer encore un peu – le RS standard était déjà chargé – les lignes de galet qui ont toujours fait le charme du TT. À moins que ces flaps aux coins du bouclier et ce gros aileron en col de cygne soient un hommage au TT-R titré en DTM au début des années 2000 ? Pour mieux revenir aux sources, on aurait bien vu un TT RS “Touring” (façon 911 GT3) en configuration lisse. Pourquoi pas en gris métal comme le concept originel ? Et avec une poignée de chevaux en plus pour marquer le coup. Mais ce qu’on en dit…

Si les lignes de cette troisième génération n’ont pas pris une ride depuis son lancement en 2014 (et un restylage invisible en 2018), le cockpit reste lui aussi une petite merveille de dessin, de qualité et d’ergonomie malgré (grâce à ?) l’absence d’écran central tactile. Rien à voir avec la dernière RS3, qui a renoncé à tout amour-propre à bord. Le simple fait d’être installé si bas, dans un habitacle aussi intimiste, suffirait de toute façon à transfigurer l’atmosphère par rapport à la berline dont le TT RS partage le moteur et une bonne partie des dessous. Le fondement au ras du sol, de l’Alcantara sous les doigts, un aileron en carbone dans le rétro, l’après-midi s’annonce plutôt bien.

On retrouve avec joie le 5 cylindres et son timbre rauque inimitable, même s’il a été considérablement aseptisé au fil de la décennie pour survivre aux normes Euro. Un cœur gros comme ça sur une voiture aussi compacte (4,20 m de long pour 1,83 m de large), c’est déjà un plaisir en soi. Il ne se passe certes pas grand-chose avant 3000 tr/min mais au-delà, son punch époustouflant et son grain de voix restent addictifs. Il faut aussi composer avec une boîte à double embrayage parfois paresseuse, dont les chétives palettes en plastique (peut-être la seule faute de goût à bord) ne sont pas à la hauteur d’un moteur pareil.

Dynamiquement, le TT RS n’est pas du genre démonstratif : l’efficacité avant le plaisir. Le train avant est précis sous une direction un poil légère, mais le train arrière est là pour l’aider à digérer les 480 Nm, pas pour faire le spectacle en sortie d’épingle. On aura peut-être du mal à suivre en Alpine ou en Cayman, a fortiori si la météo se gâte, mais on s’amusera bien davantage grâce à un équilibre et un toucher de route autrement subtils, et une boîte plus engageante.

Reste que le TT ne lâche rien. La rigueur de la suspension participe à ce tempérament implacable, au détriment du confort (avec les jantes 20 pouces de série sur cette Iconic Edition). Ce côté cassant, même dans le mode le plus souple, vient aussi abîmer une polyvalence par ailleurs remarquable : le coffre de 305 l est tout à fait utilisable, et largement extensible en rabattant les places arrière de secours.

Dernier petit détail, le prix. 120 000 € avant malus, même pour un collector limité à 100 exemplaires (dont 10 pour la France), ça commence à faire cher le TT : près de 40 000 € de plus que feu le TT RS standard ou que la nouvelle BMW M2, mais aussi à peine 5000 € de moins qu’une Porsche 911 Carrera toute nue.