« Kimi Raikkonen est-il bizarre ? » Top Gear pose les vraies questions à Iceman
Oubliez les pneus et le sous-virage, on a parlé avec Kimi des choses qui comptent vraiment
Rien n’est éternel, même la carrière de Kimi Räikkönen en Formule 1. On commençait pourtant à le croire. Vainqueur de 21 Grand Prix en pas moins de 341 départs (un record), Kimi reste le dernier champion du monde Ferrari en date (en 2007). Il aurait certainement dû remporter quelques courses et un ou deux titres supplémentaires (2003, 2005), mais s’il y a bien une chose dont on est sûrs, c’est qu’il n’en a pas grand-chose à faire.
Il y a cependant des choses qui comptent pour Kimi. Bien plus qu’on pourrait le penser. Dans une interview en amont du Grand Prix des Pays-Bas à Zandvoort ce week-end, son premier depuis l’annonce de sa retraite, il s’est un peu épanché sur ce que ça fait de tirer le rideau sur une carrière de 18 saisons dans l’élite. Même si « s’épancher » reste toujours un très grand mot dans le cas d’Iceman.
« J’ai fait mon temps, je suis heureux de ce que j’ai accompli. Bien sûr, on veut toujours gagner, et ce n’est pas facile. Je voulais remporter un championnat, je suis passé tout près plusieurs fois et j’ai fini par réussir avec Ferrari. Je suis tellement content que ce soit arrivé, surtout avec eux… Je me suis fait plaisir, j’ai fait les choses à ma façon et si c’était à refaire, je ne changerais absolument rien. »
Rappelez-vous, Kimi a couru pour deux des hommes les plus puissants de l’histoire de la F1 : Ron Dennis et Luca di Montezemolo, alors tous deux au sommet de leur mégalomanie. Imaginez les réunions. Dennis, qui était proche du précédent Finlandais de McLaren, Mikka Häkkinen, maîtrisait sans doute mieux le mode d’emploi que le PDG de Ferrari.
On l’oublie parfois mais alors que Kimi avait décroché le titre pour la Scuderia en 2007, Montezemolo l’a payé pour ne pas courir pour l’équipe en 2010. Et tandis que Fernando Alonso prenait sa place, Kimi est parti enrichir son CV en WRC et en NASCAR.
Il se trouve que j’ai organisé la conférence de presse à Jerez en 2012 quand Kimi est revenu en F1 chez Lotus. Je le connaissais suffisamment pour lui suggérer que ce serait une bonne idée d’être un peu plus causant au dîner des sponsors qu’il l’avait été devant les médias. Cette partie devait prendre la forme d’une interview et l’idée d’être assis pendant une demi-heure à côté d’un Finlandais monosyllabique ne me réjouissait vraiment pas. Il a accepté, et il a tenu parole. Il ne s’est pas transformé en Fabrice Lucchini pour autant, mais ça s’est mieux passé que prévu.
Nous nous sommes recroisés à quelques occasions depuis, notamment sur la piste d’essai FCA de Balocco, près de Milan, il y a quelques semaines pour l’essai des Alfa Romeo Giulia GTA et GTAm. À la base, j’étais censé faire un baptême dans sa voiture et le regarder fumer les pneus de l’intérieur, mais même avec un vaccin et un masque, ça n’a pas été possible.
Ma demande pour une interview de 30 minutes a été revue à 15 minutes, puis finalement à six minutes lorsque je suis arrivé sur le circuit. C’est ça, la F1 : même les interactions avec les médias sont mesurées au centième de seconde.
J’ai tout de même réussi à rallonger la sauce jusqu’à neuf minutes avec Kimi avant que les RP le kidnappent pour l’emmener ailleurs. Et comme il venait de passer la matinée à aligner les poncifs attendus par la presse italienne, j’ai choisi de procéder différemment : je lui ai posé les questions suggérées par Google quand on tape son nom.
Et cela semble lui avoir plu, peut-être parce que « pourquoi Kimi Räikkönen est-il bizarre ? » n’implique pas de disserter sur le sous-virage à haute vitesse ou les composés pneumatiques.
TG : Kimi Räikkönen est-il un bon gars ?
KR : [Rires] Je suppose que ça dépend à qui on demande. Je n’ai aucun problème avec moi-même, c’est l’essentiel.
Kimi Räikkönen est-il bizarre ?
Hmm. Je suis sûr que si vous posiez la question à 100 personnes, il y en aurait sûrement quelques-unes pour répondre que je suis un mec bizarre. Je ne sais pas si quelqu’un me l’a déjà dit, mais il est assez fréquent qu’on me le fasse dire…
Pourquoi Kimi Räikkönen est-il connu ?
[Il sourit] Pour conduire des voitures et tourner en rond sur un circuit. J’ai toujours dit que si je pouvais faire la même chose mais avec une vie normale comme n’importe qui, ce serait parfait. Au fil des années, ça devient de plus en plus normal, je suppose, on comprend mieux les choses, mais si j’avais le choix j’opterais pour l’anonymat, tout en continuant à faire exactement le même métier.
Pourquoi les gens aiment-ils Kimi Räikkönen ?
[Il soupire] Pourquoi faut-il que je réponde à ça ? J’ai tendance à être moi-même. Je fais les choses que j’estime être bonnes pour moi. Parfois mes patrons ne voient pas les choses de la même façon, mais peu m’importe. Je pense qu’on doit faire les choses à sa façon, et être heureux. Et si on est heureux, alors tout va bien.
Que pensez-vous des people rattrapés par de vieux tweets ? (Cette question ne figurait pas parmi les suggestions Google)
La vie est devenue un peu compliquée ces derniers temps, malheureusement. C’est de la folie. Quoique vous disiez, des gens vont aimer, d’autres détester. Ça n’a aucune importance.
Mais votre Instagram est génial. La vie de famille semble vous réussir. (Celle-là non plus)
Mon frère a des enfants et j’ai toujours aimé être avec eux bien avant d’en avoir à mon tour. J’aimerais bien être un peu plus souvent à la maison, mais ils sont habitués… Je suis peut-être absent une semaine, mais ensuite je suis à nouveau là pour toute une semaine. Beaucoup de gens ne voient pas leurs enfants la semaine. Ma fille Rianna n’est pas facile. Elle nous fait tourner en bourriques, Minttu et moi. Elle veut essayer le karting et je lui ai promis de l’emmener.
… et il est reparti. Kimi est peut-être de glace face à tout le ramdam causé par son départ, mais il manquera à la F1.
Photos : Dennis Noten
Top Gear
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