Ça nous apprendra à sauter le petit dej : on a comme un petit creux en découvrant l’intérieur du concept Renault Emblème, dont nous ne connaissions jusqu’à présent que la carrosserie.
Tout en dévoilant les images de l’habitacle, la marque a en effet annoncé qu’en collaboration avec l’équipementier Forvia, elle planchait sur des garnitures – le mot n’a jamais semblé aussi approprié – à base d’ananas. Votre future Clio pourrait donc bien avoir des effluves tropicaux.
Bon, pas vraiment, sauf si vous renversez votre gobelet de Banga dessus. Ce que Forvia développe, ce sont des revêtements textiles à haute résistance pour les planches de bord et les contre-portes, à base de fibres de feuille d’ananas.
Vous rappelez le Renault Emblème ? Cet avenant concept de break de chasse à l’hydrogène, dévoilé au Mondial de l’Auto 2024, est un de ces laboratoires roulants dont Renault a le secret. En plus d’avoir permis à Gilles Vidal et à ses équipes de se défouler, il a pour mission d’explorer des solutions pour réduire les émissions de CO2 sur l’intégralité d’un cycle de vie automobile, de la conception au recyclage en passant par le choix des ressources, la production et l’usage.
Renault parle d’une empreinte réduite de 90 % par rapport à un Captur essence de 2019, avec un travail sur global sur l’aérodynamique, l’allègement et la soutenabilité des matériaux. La marque cite les poignées de porte sensitives (profilées et 60 % plus légères), les isolants légers et durables (- 70 % de CO2 jusqu’au recyclage), les jantes pleines en alliage d’aluminium, les pneus Michelin Primacy à faible résistance au roulement, le réservoir d’hydrogène en fibre de carbone, les phares à lentilles de Fresnel (80 % de matériaux et 60 % de consommation en moins) ou encore les essuie-glace sans balais.
Mais vous nous connaissez, tout ce que nous avons retenu, c’est bien sûr la console centrale et les zones de contact sur les contre-portes en « peaux à base de fibre d’ananas », une matière « plus légère et plus durable » que le cuir, selon Renault. On se souvient vaguement que la Volkswagen Fox, produite au Brésil, avait recours à des fibres de curauá (un cousin de l’ananas) et de noix de coco pour garnir son habitacle. Pour la planche de bord en elle-même, la marque a choisi le lin, déjà utilisé par Mercedes pour les boucliers de ses voitures de course à la place du carbone.
« Ce n’est pas un concept car ; c’est un véhicule démonstrateur, donc tout doit être faisable pour une production en grande série », explique Benoît Taillandier, directeur Marketing de Forvia.
Et ces trouvailles pourraient se propager bien au-delà de Renault puisque Forvia est un géant du secteur qui travaille avec 80 clients automobiles et détient quelque 13 000 brevets. La moitié des véhicules produits actuellement sur la planète incluent au moins un composant de chez eux. Benoît Taillandier ajoute que non seulement la fibre d’ananas est un matériau à faible empreinte CO2 qui peut remplacer le cuir animal, mais sa production n’entre pas en concurrence avec les cultures vivrières.
Sur le combiné d’instrumentation, les panneaux de portière et la console centrale du Renault Emblème, Forvia annonce en tout cas avoir réduit l’empreinte CO2 d’un spectaculaire 72 % par rapport à une Mégane de 2020.
Bientôt des intérieurs fruités sur toutes nos voitures ?