Les SUV dotés d’un look d’aventurier plus avenant que la berline dont ils dérivent sont à la mode et les constructeurs en usent et en abusent, en vendant plus cher une auto qui est souvent techniquement identique à la berline dont elle découle. Une aubaine, qui permet au Renault Captur de faire de l’ombre à la Clio, ou au VW T-Cross de s’afficher bien plus cher qu’une Polo ! Quoi de plus logique et légitime que Toyota, qui a inventé le genre au début des années 90 avec son premier RAV4 (baptisé alors Fun Cruiser), emboîte le pas de ses rivaux. Pourtant, le géant japonais a déjà occupé ce terrain du SUV compact avec l’Urban Cruiser commercialisé dès 2009, un engin qui a fait un flop commercial. La faute sans doute à un look trop timoré, défaut qui ne saurait être attribué à ce Yaris Cross.

On a peine à reconnaître la sage Yaris, et c’est tant mieux ! Le Yaris Cross s’attribue sans vergogne tous les gimmicks habituellement réservés aux vrais 4×4 : garde au sol surélevée (17 cm), élargisseurs d’ailes proéminents soulignant des passages de roue musclés et boucliers volontaires lui confèrent un look guerrier, idéal pour affronter la jungle urbaine. Et en tant que pionnier de l’hybride, Toyota ne s’est pas gêné pour transposer cette technologie, synonyme de rejets de CO2 limités (et donc de fiscalité allégée !), sous le capot du Yaris Cross. Une spécificité technique encore rare dans la catégorie qui limite la concurrence directe aux Renault Captur et Suzuki Vitara (le Honda HR-V, le nouveau Hyundai Kona et le Suzuki S-Cross dépassent tous les 4,30 m). D’ailleurs, ce SUV compact qui coche toutes les cases est d’ores et déjà devenu un best-seller. En France, c’est même le sixième SUV le plus vendu en 2022, le premier hors Peugeot-Renault-Dacia.

À bord, sans grande surprise, on retrouve la planche de bord de la dernière Yaris, ce qui est plutôt une bonne nouvelle : ergonomie bien pensée et finition correcte sont de la partie, avec un écran tactile de 9 pouces compatible Apple CarPlay et Android Auto. Côté habitabilité, on a vu plus logeable pour un SUV de 4,18 m, notamment à l’arrière, et la version 4×4 de notre essai grignote de l’espace dans le coffre, sa capacité chutant de 397 à 320 l.

Car oui, contrairement à de trop nombreux SUV urbains, le Yaris Cross peut recevoir en option une transmission intégrale (+2000 €), offre unique sur le segment même si ce Yaris Cross n’a rien à voir avec un Land Cruiser ! En fait, les roues arrière ne sont entraînées, que de façon temporaire et dans la limite de 70 km/h, par un petit moteur électrique de 5,3 ch et 52 Nm (ce qui explique l’espace moindre dans le coffre), alimenté par une batterie lithium-ion, l’essentiel de la puissance étant distribuée à l’avant par le moteur thermique, un 3 cylindres 1.5 délivrant 92 ch et 120 Nm.

À l’usage, cet ensemble brille par sa discrétion et sa sobriété en ville (4,5 l/100 km), une belle efficience qui vole en revanche en éclat sur voie rapide (7,5 l/100 km), rançon aussi d’une aérodynamique moins favorable et d’une masse supérieure de 200 kg par rapport à une Yaris (1260 à 1360 kg). Du coup, on ne saurait que trop vous conseiller de faire l’impasse sur cette transmission optionnelle qui ne se justifie véritablement que si l’on habite à la montagne. Une mesure de bon sens qui permet de faire chuter le prix à « seulement » 28 900 € en 4×2 en finition Design déjà bien équipée. Oui, c’est nettement plus cher qu’une Yaris, mais c’est le prix de cet effet SUV qui plaît tant. Et ça, les constructeurs l’ont bien compris !