Interview : Sebastian Vettel, nouveau pilote Aston Martin

Ses espoirs pour la saison à venir, la vie après la F1, la Valkyrie... Et surtout : comment va-t-il baptiser sa Formule 1 Aston tout neuve ?

Ollie Marriage
Publié le : 4 mars 2021

Top Gear : Seb, vous donnez un petit nom à chacune de vos F1. Chez Red Bull nous avons eu Kate, Liz et Mandy, et vos trois dernières Ferrari s’appelaient Loria, Lina et Lucilla. Comment allez-vous baptiser votre première Aston Martin ?

Sebastian Vettel : Je ne sais pas encore. James, ce serait un peu trop facile. Mais je réfléchis sur le thème de Bond, et comme ça a toujours été un nom féminin, passez donc en revue les Bond girls pour voir lequel lui irait le mieux.

TG : Pas bête.

SV : J’allais suggérer qu’on les rencontre toutes, mais certaines ont l’âge de ma grand-mère.

TG : Avec quels arguments Lawrence Stroll et Otmar Szafnauer vous ont-ils convaincu de rejoindre Aston Martin ?

SV : Il n’y a pas vraiment eu d’argumentaire de vente. Nous avons eu un dialogue ouvert et honnête, ils m’ont exposé leur vision de l’équipe et cela a éveillé mon intérêt. Très vite, nous sommes arrivés au point où nous sommes dit OK, on y va. Les négociations autour du contrat et toutes les formalités ont été expédiées sans encombre. En général, c’est le salaire qui bloque mais on a réglé ça du premier coup, aucun problème. Et la raison pour laquelle je fais cette précision, c’est que ma plus grande motivation était vraiment la vision et l’enthousiasme derrière le projet, la renaissance d’Aston Martin, la croissance de l’équipe. Je pense que tout cela est passionnant.

TG : On a cru comprendre que vous aviez accepté une grosse baisse de salaire, mais bien sûr cela fait toujours beaucoup d’argent [dans les 12 millions d’euros, selon la rumeur] et on imagine que vous n’y allez pas seulement pour piloter, mais aussi pour bâtir quelque chose avec cette équipe.

SV : Je sais que je suis dans une situation extrêmement privilégiée, mais l’argent n’a jamais été une motivation et ne l’est toujours pas. J’adore la course. Et j’ai vraiment hâte de courir cette année. Quand je dis la course, ce n’est pas juste piloter la voiture et les sensations qui vont avec, c’est aussi travailler avec des gens dans le même état d’esprit, celui de gagner le moindre millième, de tout optimiser, de trouver de nouvelles façons de résoudre un problème. Pour moi, c’est ça, la course. Ce n’est pas juste venir conduire la voiture puis repartir. C’est vraiment un tout, que l’on vit avec d’autres personnes sur la même longueur d’onde.

TG : Quelles sont vos attentes pour cette année, personnellement et pour l’équipe ? Otmar nous a dit-

SV : Difficile de vous donner un chiffre…

TG : Otmar [Szafnauer, le team manager] nous a dit que l’objectif était la troisième place au championnat.

SV : La réponse sincère, c’est que je ne sais pas. Cela dépendra un peu de notre compétitivité en début de saison. De nos jours, chaque équipe en Formule 1 évolue à un très haut niveau, et les erreurs sont rarissimes. Il est donc très difficile de se frayer un chemin dans le top 2 ou le top 3. Mais c’est ce que nous allons essayer de faire.

TG : Avez-vous pu faire le voyage jusqu’à l’usine ?

SV : Oui. Cela a été plus expéditif et moins facile que d’habitude, bien sûr, mais c’est toujours utile, notamment pour prendre ses marques sur le simulateur et s’entraîner un peu.

TG : Avez-vous un simulateur à la maison ?

SV : J’en ai un pour jouer, mais celui-ci n’est d’aucune utilité aux ingénieurs. Ils seraient sûrement ravis de me rejoindre pour s’amuser avec moi. Mais un simulateur de F1 n’a pas grand-chose à voir, vous savez, c’est beaucoup plus complexe, il y a bien plus de calculs derrière pour simuler aussi précisément que possible le comportement de la voiture, sur les vibreurs où les bosses de la piste, par exemple. On modifie les réglages, on essaie de reproduire les réactions des pneus. Cela demande une énorme puissance de calcul, et un développement sans fin pour rendre les choses aussi réalistes que possible.

TG : Pouvez-vous vous faire une idée de la voiture à partir du simulateur ? Savez-vous déjà sur quel type de circuit elle sera le plus à l’aise ?

SV : Oui, grâce au simulateur et aussi aux ingénieurs. Je veux dire, ça fait un bout de temps que je fais ce boulot, je pense être capable de tirer quelques conclusions. Mais évidemment, je n’ai pas encore de vrai ressenti. J’en aurai un lors des premiers essais, mais étant donné le peu de temps dont nous disposerons [entre le premier test le 12 mars et le premier Grand Prix le 28 mars], l’essentiel sera de s’habituer à la voiture et au nouvel environnement.

TG : Votre contrat en tant que pilote Aston Martin semble assez libre et potentiellement assez court, et vous avez évoqué par le passé la tentation de la retraite. Lorsque vous raccrocherez, resterez-vous en F1, par exemple pour un rôle dans le management ? Comment voyez-vous la suite ?

SV : Pour l’instant, je me vois seulement dans un cockpit, avec un casque sur la tête. Après, je ne sais pas. Bien sûr, l’année dernière, j’y ai réfléchi, mais je pense que tout cela est encore assez loin. Ce qui est certain, c’est que je ne m’imagine pas sur le muret des stands. Ou pire, remonter le paddock dans tous les sens [en tant que reporter]. À mon avis, une fois que c’est fini, c’est fini. Il me paraît plus sain de passer à autre chose. Evidemment, la course est une grande part de ma vie, mais ça ne veut pas dire que je dois forcément passer mon temps devant une caméra.

TG : Parlons maintenant de voitures de route, parce qu’on sait que vous aimez ça. Qu’est-ce que Ferrari vous donnait, à l’époque ?

SV : Essentiellement des Fiat et des Alfa.

TG : Vraiment ? Et chez Aston ?

SV : J’ai hâte de récupérer un DBX.

TG : Pour chez vous, on imagine ? Autre chose, pendant qu’on y est ?

SV : J’ai juste besoin d’une ou deux bonnes courses. Ensuite, je suis sûr que je pourrais parler avec Lawrence et donner un retour sur la voiture et son comportement.

TG : Avons-nous raison de penser que vous avez commandé une Valkyrie ? Comme ça, vous serez de retour dans une voiture signée Newey… Dans quel cadre l’utiliserez-vous ? Au volant, vous devez un peu avoir l’impression d’être au boulot, non ?

SV : C’est une voiture passionnante, un projet passionnant. Techniquement, ce serait pour aller d’un point A à un point B mais je pense que ce n’est pas tout à fait l’objet de la voiture, ce n’est pas pour tous les jours. J’ai pu observer les coulisses, ne serait-ce que parce que je connais certaines des parties prenantes – vous avez mentionné Adrian –, et je peux vous dire que c’est un projet unique et à long terme, quelque chose qu’on n’a jamais vu auparavant.

TG : Pourrez-vous participer au développement des voitures de route ? Après la Valkyrie, sur les Vanquish, Valhalla et celles qui suivront ?

SV : D’abord, j’ai beaucoup de choses à faire ici. Peut-être quand ça se calmera. C’est une perspective enthousiasmante pour nous d’avoir ce lien avec les Aston Martin de série.

TG : OK Seb, merci beaucoup.

SV : Merci Ollie. Au fait, qu’est-ce que c’est que cette voiture rouge sur cette image au mur ? [Nous sommes en réunion Zoom]

TG : L’esquisse d’un concept Opel Astra.

SV : C’est tellement plus beau que la vraie voiture. Il faut croire qu’ils ne sont pas autorisés à faire de jolies Opel.

 

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