Alfa Romeo 33 Stradale : du rêve en série très limitée

L’Alfa Romeo 33 Stradale est un vibrant hommage et un sublime manifeste pour l’avenir

| Publié le : 1 septembre 2023

Si vous aimez l’automobile, vous aimez Alfa Romeo ! C’est comme ça, c’est la règle. Une des lois immuables de l’automobile. Alfa Romeo fait partie de l’Histoire de l’automobile et l’Automobile lui doit une bonne partie de son histoire. N’oubliez pas qu’Alfa Romeo a remporté les deux premiers Championnats du Monde de Formule 1 en 1950 et 1951. Et que quelques-unes des plus belles voitures de cette histoire sont frappées du Biscione. Pourtant, les ventes restent poussives et les grandes ambitions d’Alfa sont sans arrêt contrariées.

Alors, pour se remettre « au centre du game », Alfa a décidé d’offrir au monde un vibrant hommage à… sa propre histoire avec la nouvelle Alfa Romeo 33 Stradale, une sublimissime sportive « fuoriserie » (édition limitée) à moteur central forte de 620 ch.

« La nouvelle 33 Stradale a été conçue pour renforcer notre identité, élever nos aspirations et incarner notre ADN et nos valeurs », a déclaré Jean-Philippe Imparato, PDG d’Alfa Romeo. « C’est la première voiture construite sur mesure par la marque depuis 1969, et je vous promets que ce ne sera pas la dernière. Cela réintègre Alfa Romeo dans le « Club des Supercars », dont nous étions l’un des membres fondateurs. Nous voulions créer quelque chose qui soit à la hauteur de notre passé, pour servir la marque et rendre fiers les Alfistes. »

Oublions un instant le désir de longue date d’Alfa d’être le BMW italien et concentrons-nous uniquement sur cette 33 Stradale, voulez-vous ? Elle s’inspire directement et sans aucun complexe du quasi-mythe de 1967, l’Alfa Romeo 33 Stradale. Dessinée par le maestro Franco Scaglione, elle reste sans aucun doute possible l’une des plus belles voitures de tous les temps.

Quant à la nouvelle 33 Stradale, elle sera limitée à 33 exemplaires. Pas un de plus, le patron s’y est engagé ! 33 exemplaires fabriqués par la célèbre carrozzeria milanaise Touring Superleggera. C’est peu mais c’est déjà presque deux fois plus d’unités que l’originale, fabriquée à seulement 18 exemplaires, dont une poignée a été utilisée comme base pour certains des plus incroyables concept-cars transalpins, l’Alfa Romeo Carabo de 1968 et l’Iguana de 1969, pour n’en citer que deux.

Signe des temps, nouvelle Alfa Romeo 33 Stradale peut être équipée soit d’un V6 biturbo 3.0 développant 620 ch, soit d’une motorisation électrique qui reste à définir. On sait par la batterie que la puissance devrait être de 750 ch mais on ne sait pas encore s’ils seront distribués par deux ou trois moteurs (?!?). Ce qu’on sait en revanche, c’est que toutes reposeront sur un châssis en aluminium en H. Comme leur illustre ancêtre et comme… la Maserati MC20. Normal, c’est son châssis. Et son moteur pour la version thermique. Et probablement l’architecture de la Folgore pour la version électrique. Quand on a une banque d’organes aussi riche que celle de Stellantis, normal de taper dedans. Mais ça, c’est pour ce qui ne se voit pas. Tout le reste sera fait à la main par Touring Superleggera avec un extrême niveau de personnalisation.

Pour le moment, on ne sait pas quelle quantité sera électrifiée et… Alfa non plus. À l’origine, seul un client avait opté pour la version électrique. Puis un second. Et, la veille de la révélation, certains clients qui avaient choisi une version thermique se sont mis à hésiter. Bonne nouvelle pour les indécis, il leur reste environ six mois pour se décider. C’est l’avantage de commander une voiture fabriquée à la main à 33 exemplaires. Le bon de commande est… souple. Et évolutif en fonction de l’épaisseur de votre porte-monnaie. À ce titre, la nouvelle 33 Stradale marque une étape importante pour Alfa avec la création de la Bottega. Une entité qui, comme le précise Alfa Romeo, s’est inspirée des ateliers de la Renaissance et des carrossiers des années soixante.

En d’autres termes, un département sur mesure basé directement dans le musée Alfa Romeo d’Arese. Mais en plus d’être un exercice de construction de marque haut de gamme, il s’agit également d’un manifeste pour la future direction stylistique d’Alfa sous l’égide du responsable du design, Alejandro Mesonero-Romanos : « Le projet 33 Stradale est le fruit de la passion et du dévouement d’une petite équipe de designers et d’ingénieurs de l’Alfa Romeo Centro Stile », nous a-t-il confié. « Le design s’inspire du chef-d’œuvre de Franco Scaglione de 1967, avec un look audacieux qui influencera les lignes des futurs modèles Alfa Romeo. [C’est] un véritable manifeste de la beauté essentielle. »

Canaliser l’esprit d’une voiture aussi appréciée que la 33 Stradale originale demande le juste mélange de courage, d’humilité, d’audace et de respect. Regardez comment Marcello Gandini a publiquement décrié la série limitée de la Lamborghini Countach LPI 800-4 en 2022. Aurait-on préféré qu’Alfa Romeo parte d’une feuille vierge et imagine un tout nouveau langage stylistique ? Peut-être. Mais il aurait probablement été beaucoup plus difficile de convaincre les clients. L’histoire fait vendre. Et même comme ça, les premiers retours ont semble-t-il été… timides. Alfa aura dû impliquer ses clients dans le process de développement pour les embarquer dans cette aventure. Mais rassurez-vous, les 33 exemplaires sont vendus et, dans le doute, la liste d’attente en cas de désistement est bien fournie.

Et puis… il faut reconnaître que le Centro Stile et les gars de Bottega ont fait un travail remarquable. L’avant est court et tout en rondeurs, l’arrière plus effilé, puissant et à première vue plus technique. Mais regardez mieux. La partie avant se compose d’une seule pièce que les Italiens appellent cofango. Imaginez la technicité nécessaire à la formation de ce cofango qui forme toute la partie avant à partir de la base du pare-brise et englobe le capot et ses nervures en V, les ailes voluptueuses et la calandre dans laquelle s’intègre le Scudetto Alfa (bouclier). Sur cette 33 Stradale, il était en alu taillé dans la masse. Rhâââ… Mais il peut également être réalisé en carbone. Quant aux blocs optiques, la forme ovale qui rend hommage aux phares de la 33 Stradale de 1967, soulignée par des LED, cache des phares modernes et deux prises d’air distinctes, un peu à la façon d’une McLaren 720S.

Parmi les autres points marquants, on note les portes en élytre avec les charnières supérieures au niveau du toit en fibre de carbone et aluminium. Des portes qui, comme sur l’originale, débordent sur le toit. Mais cette fois toute la partie vitrée est en verre, comme l’ont décidé les clients au sein du Club 33 ce qui, vu la forme finale, a demandé de développer un procédé de fabrication spécifique. Les prises d’air latérales sont plus prononcées que sur l’original et un peu moins sobre que le reste mais elles ont du travail pour alimenter la mécanique en air frais.

Ce qui nous amène à l’arrière avec un ensemble bouclier-diffuseur qui nécessite probablement autant de carbone qu’un Airbus A380. Et juste au-dessus, deux spectaculaires blocs optiques en forme de tonneaux qui semblent pénétrer dans les ailes. Ou en jaillir, c’est selon. Les clients ne voulaient pas d’aileron disgracieux, Alejandro Mesonero-Romanos et son équipe ont donc dû créer un aileron virtuel pour assurer une vitesse de pointe digne de ce nom…

… au sens propre ! Avec cette 33 Stradale, Alfa Romeo a décidé de jouer avec les chiffres, la vitesse de pointe annoncée est ainsi de 333 km/h pour la version thermique avec boîte DCT 8. Son moteur ? Le même V6 3.0 que la Maserati MC20, qui était une évolution du V6 2.9 de la Giulia Quadrifoglio Verde, lui-même une itération du V8 Ferrari auquel on avait retiré deux cylindres. Pour l’accélération, le 0 à 100 km/h est annoncé en moins de 3 secondes (moins de 2,5 pour l’électrique) et, grâce au freinage carbone-céramique Brembo, le passage de 100 km/h à 0 se fait en… moins de 33 mètres. On aime le sens du détail.

Le châssis en aluminium en H repose sur une suspension multibras maison avec amortisseurs actifs. La puissance passe aux roues arrière via un différentiel piloté et l’ensemble se veut utilisable en conduite quotidienne en mode « Strada » ou plus… tendue en mode « Pista ». Si l’un des deux modes ne convient pas, les propriétaires pourront aller se plaindre directement auprès du pilote F1 Alfa Romeo Valterri Bottas qui a été intégré à l’équipe de développement. Enfin, le launch control est activable avec le bouton Quadrifoglio à la base de la console centrale.

L’une des rares excentricité dans l’habitacle. Car à l’intérieur, la sobriété règne. On se croirait dans le donjon d’un monastère cistercien. Le seul compromis à la modernité est l’écran du combiné d’instrument. Le volant, totalement dépourvu de bouton, s’habille de cuir et ses trois branches sont en alu taillé dans la masse. Tout comme la console centrale et un autre panneau sur le ciel de toit qui accueillent des interrupteurs mécaniques en aluminium anodisé.

Le coût de tout cela ? Quelque part autour de 1,7 million d’euros. Hors taxes ou malus bien entendu. Le catalogue de base propose deux traitements intérieurs, trois couleurs extérieures, trois types de jantes, différentes pièces en carbone ou teinte carrosserie, plusieurs choix pour le Scudetto à l’avant et l’inscription Alfa Romeo à l’arrière. Mais si Alfa est fidèle à son inspiration avec la Bottega, tout est possible. Mais sans excentricité, sinon le Club 33, le collectif des clients et quelques représentants de la marque, ont la possibilité de mettre leur veto.

L’histoire fait vendre mais même si cette 33 Stradale est celle qui doit rouvrir à Alfa les portes du « Club des Supercars » ultra-exclusives, Alfa n’est pas prêt à brader son image ou son héritage.

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