« Je pense qu’on s’est bien débrouillés. »

C’est par cette litote qu’Alessandro Pier Guidi, pilote de la Ferrari 499P n°51 avec James Calado et Antonio Giovinazzi, a commenté leur victoire hautement symbolique, cinquante ans après la dernière participation officielle du Cheval Cabré aux 24 Heures du Mans et cent ans après la première édition de la course.

Cette édition 2023 restera dans les annales comme l’une des plus chaotiques et des plus ouvertes. Chacun des grands constructeurs engagés –Ferrari, Toyota, Cadillac, Porsche et un étonnant Peugeot – a pointé en tête à un moment ou à un autre, avant que les accidents et problèmes techniques sous une météo dantesque réduisent la deuxième moitié de la course à un duel à mort entre la Ferrari n°51 et la Toyota n°8 de Sebastian Buemi, Brendon Hartley et Ryo Hirakawa.

Après un arrêt aux stands catastrophique pour la Ferrari à six heures de l’arrivée, la Toyota semblait avoir pris une option sur la victoire. Mais le dernier tournant de la course a eu lieu à 90 minutes du drapeau à damier quand Hirakawa a bloqué ses roues arrière et envoyé sa GR010 dans le rail à Arnage. Les réparations ont coûté de précieuses minutes et ont permis à Ferrari de reprendre le dessus, malgré un autre arrêt désastreux à 20 minutes de la fin.

Cadillac était à l’affût juste derrière, dont les V-Series n°2 et 3 terminent 3e et 4e, respectivement à un et deux tours de la Ferrari et de la Toyota.  En LMP2, catégorie qui disparaîtra l’année prochaine, c’est l’Inter Europol d’Albert Costa, Fabio Scherer et Jakub Smiechowski qui remporte la mise. En GT, rien ni personne n’a pu arrêter la Corvette de Nicky Catsburg, Ben Keating et Nicolas Varrone, qui l’emporte face à l’Aston Martin Vantage n°25 et la 911 RS n°86. Quant à la guest star du Garage 56, la Camaro Nascar de Jenson Button, Jimmie Johnson et Mike Rockenfeller, elle a longtemps roulé devant les GT avant qu’une interminable réparation la fasse retomber au 39e rang sur les 40 voitures qui ont terminé la course (parmi les 62 voitures au départ).

Le résultat met fin à cinq ans d’hégémonie totale de Toyota au Mans, même si le changement surprise de Balance of Performance à son détriment, une semaine avant la course, n’a pas fini de faire parler. Cela n’enlève rien à l’exploit de Ferrari et de ses pilotes. Après cette dixième victoire du Cheval Cabré dans la Sarthe, 58 ans après la précédente (!), les équipages vont pouvoir prendre un repos bien mérité. Forza Ferrari ! Forza Ferrari ! Forzzzz….