Zagato a toujours eu un faible pour les postérieurs généreux. Regardez plutôt les Alfa Romeo TZ1, Aston Martin DB4 GT, Lancia Fulvia Sport, pour n’en nommer que trois. Et maintenant, admirez la poupe de cette AGTZ Twin Tail. Ou plutôt les poupes, puisqu’elle sera livrée avec deux carrosseries distinctes : une courte et une longue, cette dernière pouvant être greffée par-dessus ou ôtée et stockée sur un support sur mesure.

Une bien jolie sculpture franco-italienne, donc. Car sous ces lignes, vous aurez peut-être reconnu une Alpine, que ce soit l’actuelle A110 qui lui sert de base ou l’A220 des années 1960 dont elle s’inspire.

Née en 1962, l’A110 originelle a brillé en rallye, décrochant le titre mondial en 1971 et 1973. On se rappelle moins des pistardes qu’Alpine avait engagées auparavant aux 24 Heures du Mans. En 1966, l’A210 et son vaillant 1,3 l s’adjugeaient la victoire à l’indice de rendement énergétique en terminant aux 11e, 12e et 13e places absolues. Tout en haut du classement général, Ford a assurément eu besoin de plus de carburant pour terrasser Ferrari cette année-là.

L’A220, animée par un V8 de 3 l signé Gordini, devait se battre pour la victoire absolue en 1968. Plutôt rapide, elle n’est pas fiable. Seule une des quatre voitures engagées termine la course. Les résultats ne sont pas meilleurs en 1969, mais cette année voit l’apparition d’une version expérimentale « short tail ». Un seul châssis sera ainsi recarrossé, qu’on apercevra aussi en rallye. En tout, Alpine n’a construit que huit A220. Il s’agit donc d’une voiture de connaisseur.

À côté de ses ancêtres, ou de l’A110 donneuse qui reste à croquer 7 ans après sa sortie, les lignes de la Zagato AGTZ  apparaissent un peu torturées, comme souvent chez Zagato. L’ouvrage n’en force pas moins le respect. Toute la carrosserie est en fibre de carbone, et chaque panneau est inédit. Notez le pare-brise en visière de casque, les prises d’air de part et d’autre des ailes arrière, et bien sûr le double bossage de toit cher à la Carrozzeria. En configuration short tail, l’AGTZ mesure 4,41 de long. En long tail, elle atteint 4,80 m, à comparer aux 4,18 m de l’A110 standard.

Cette nouvelle carrosserie est censée améliorer l’aéro, sans chiffres à l’appui. La partie amovible de la poupe se veut aussi légère que possible pour être ajoutée ou enlevée facilement. Zagato ne dit rien sur l’intérieur ou sur d’éventuelles évolutions mécaniques. À défaut d’un V8 (l’espoir fait vivre), si Zagato n’a rien prévu pour le 1,8 l turbo d’origine, un petit tour chez Ravage devrait faire l’affaire…

Alpine, qui a d’autres chats à fouetter, n’est pour rien dans ce projet, même si le directeur du design Anthony Villain aurait donné sa bénédiction. À l’initiative de l’AGTZ, on trouve le concessionnaire polonais La Squadra, qui s’y connaît un peu en voitures d’exception puisqu’en plus de la marque Alpine, il distribue aussi Ferrari, Maserati, Bugatti, Koenigsegg et Pagani. Ce sont eux qui se chargeront de la commercialisation, tandis que Zagato assemblera l’AGTZ dans ses ateliers de Milan.

« Il y a en chacun de nous un rebelle qui nous pousse à faire le contraire de ce qu’on nous dit, explique le PDG de La Squadra Jakub Pietrzak à Top Gear. C’est pour cela que nous cherchons du côté de ces légendes automobiles du passé. À mesure que la technologie avance, nous devenons de plus en plus nostalgiques. Les années 1960 ont été une décennie intense, notamment en matière de courses d’endurance, et une source d’inspiration considérable. »