La De Tomaso P72 arrive en production

Finalement animée par un V8 Ford compressé de 700 ch, la supercar italienne sera produite à 72 exemplaires, (déjà) vendus à 1,6 million d'euros pièce.

La rédaction
Publié le : 15 mai 2025

Photos : Mark Riccioni

On n’y croyait plus trop, mais la De Tomaso P72 ne compte pas terminer dans les limbes du vaporware automobile. Elle va même manifestement exister. Vous vous rappelez cette voluptueuse berlinette dont les courbes rétro avaient émoustillé le Festival of Speed de Goodwood 2019 ? On n’avait quasiment plus eu de nouvelles depuis, et personne ne vous en aurait voulu de croire que le projet était tombé à l’eau.

Sauf que malgré la pandémie et les péripéties politiques en interne, la P72… est prête. TopGear.com a même eu accès en exclusivité à la voiture, plus de six mois avant que les premiers (patients) propriétaires reçoivent la leur aux alentours de Noël 2025.

Les prototypes initiaux étaient animés par un V12 atmosphérique d’origine Ferrari, comme l’Apollo Intensa lancée auparavant par Norman Choi, l’homme qui a ressuscité De Tomaso. Toutefois, les P72 de série resteront fidèles aux racines américaines de la marque puisqu’elle recevront comme leurs ancêtres un V8 Ford. Il s’agit d’un 5 l suralimenté par un compresseur sur mesure, conçu pour être le plus discret possible et ainsi, selon la volonté de Norman Choi, se rapprocher de la bande-son d’un moteur atmosphérique. De Tomaso n’a encore publié aucun chiffre de performances, le patron ne semblant pas obnubilé par le 0 à 100 km/h ou la vitesse de pointe.

Ce V8 central arrière à carter sec repose dans un écrin de carbone, sous un capot isolé à la feuille d’or qui englobe toute la poupe. Gordon Murray approuve. L’échappement revêtu de céramique débouche sur le dessus après s’être frayé un chemin à travers les triangles de suspension.

Même si la voiture que vous avez sous les yeux est équipée d’énormes silencieux pour se conformer aux normes antibruit européennes, De Tomaso travaillerait apparemment sur un échappement plus… volubile.

Si le concept avait recours à une boîte séquentielle, la voiture de série se rapproche là aussi de ses ancêtres avec une boîte manuelle à tringlerie apparente, façon Pagani. Elle rejoint donc un club très fermé, celui des Pagani Utopia, GMA T.50, T.33 et autres Aston Martin Valiant, dernières supercars à offrir trois pédales et un levier de vitesses.

Et quel levier ! Il s’agit de l’une des 179 pièces d’aluminium usiné dans ce sublime habitacle. 19 de plus qu’à bord de la Bugatti Tourbillon, s’il vous plaît, qui se fournit chez le même orfèvre, nous dit-on. Regorgeant de détails, cet accastillage est disponible en trois finitions et en une infinité de couleurs.

Notez le compte-tours gradué en chiffres romains jusqu’à IX. Il n’y a pas trace d’un système infodivertissement, d’Apple CarPlay ou même d’un autoradio. Le seul « écran » à bord est celui du rétroviseur lorsqu’il affiche la caméra de recul. Là aussi, c’était une volonté expresse du patron, qui possède toute une collection de supercars et qui trouve que les manœuvrer dans les parkings de Hong Kong est bien assez stressant comme ça. Si vous tenez absolument à vous garer à l’ancienne, vous pouvez décocher cette option gratuite.

Depuis qu’on a découvert la P72 à Goodwood il y a toutes ces années, De Tomaso a revu la monocoque carbone aux normes LMP1 pour abaisser les seuils de portière, et intégrer les baquets à la structure, histoire de faciliter l’accès et de gagner un peu d’espace à bord. Le volant et le pédalier se règlent pour chaque conducteur, qui pourra poser son séant fortuné sur des coussins de sièges sur mesure.

La position de conduite est celle d’une voiture de course, très basse et très inclinée, avec les talons surélevés pour mieux actionner les pédales fixées au plancher. Le cockpit est étriqué mais lumineux grâce aux portes en élytre généreusement vitrées sur le dessus, qui permettront aux badauds de s’extasier eux aussi sur cet intérieur haute couture.

Selon De Tomaso, la P72 est une GT (contrairement à sa cousine l’Apollo, pensée avant tout pour la piste), d’où un généreux réservoir de 100 l. Vous n’en devrez pas moins voyager léger : en guise de coffre, les deux puits de part et d’autre du moteur n’accueilleront guère plus qu’un casque et des sous-vêtements de rechange pour les deux occupants.

Si c’est la première fois que vous entendez parler de la P72 et que vous avez fait fortune en vendant du gel hydro-alcoolique pendant le Covid, vous en voulez probablement une, même à 1,6 million d’euros. Hors taxes.

Mauvaise nouvelle : les 72 exemplaires sont tous vendus. Depuis des années, et il y a déjà une liste d’attente au cas où l’un des heureux élus se désiste. Mais notre sixième sens nous dit que De Tomaso ne s’est pas embêté à surmonter tous ces obstacles pour se contenter d’une seule salve : à votre place, on guetterait la version piste P900, et pourquoi pas d’autres variantes dans les années à venir.

Une P72 Roadster, au hasard ? On prend les paris.

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