La Lamborghini Huracán Sterrato est là

Une supercar V10 capable de rouler sur la pire des routes. Serait-ce la meilleure de toutes les Huracán ?

Tom Ford
Publié le : 2 décembre 2022

La vie d’une voiture, souvent, c’est comme la vraie vie : ça commence avec du bruit et de l’espoir, ça met un peu de temps à mûrir, ça se cale dans une routine plus ou moins enuyeuse et ça disparaît dans l’oubli, paisiblement poussé hors des fiches tarifaires. Une supercar, c’est différent. C’est un peu l’équivalent automobile de l’oncle playboy, celui qui refuse de vieillir et s’en colle une à tous les mariages, où il inflige son vocabulaire imagé et ses goûts vestimentaires de plus en plus excentriques.

Sentir la fin approcher désinhibe aussi les designers, les ingénieurs et même leurs ennemis jurés, les comptables. Prenez la Lamborghini Huracán, par exemple. En 18 mois, on a déjà eu droit à la Tecnica et à la STO, très probablement les deux meilleures de la lignée à ce jour. Et ce n’est pas fini : c’est maintenant au tour de la Huracán Sterrato de voir le jour, plus de trois ans après un concept car qu’on n’attendait plus vraiment dans la rue. Enfin, la rue, c’est vite dit… Son nom, « terre » en italien, dit tout sur sa vocation : une Huracán capable de (faite pour ?) rouler hors bitume. Et ça nous fait infiniment plus plaisir qu’un Urus avec de gros pneus, pas vous ?

On sera heureux d’apprendre que la Huracán Sterrato est à la fois « courageuse et inattendue », et qu’elle compte étendre le plaisir au-delà de la route en ajoutant à la recette de la Huracán des capacités de franchissement. En partant d’une gamme dont la quasi-totalité se vend avec une transmission intégrale, ça ne paraît pas si déraisonnable, d’ailleurs.

Mais les petit bouts du communiqué qui ont le plus attiré notre attention sont ceux qui évoquent « une motricité optimale sur les surfaces meubles, en mettant l’accent sur la terre », ou encore un « survirage progressif pour un comportement ludique ». Bref, vous avez sous les yeux une Huracán de rallye. Ou une Huracán Dakar ?

Mieux, Lamborghini promet que ce sera la Huracán la plus rapide sur mauvaise route. Autrement dit, ce n’est pas juste un délire d’ingénieur, c’est même tout le contraire puisque la polyvalence va y gagner dans la vraie vie, étirant considérablement l’enveloppe d’utilisation d’une supercar conventionnelle.

Pour ce faire, Lamborghini a reprofilé et renforcé les boucliers et les bas de caisse. Cela leur permettra a) de ne plus être râpés comme au papier de verre à chaque rencontre impromptue avec une bosse ou un dos d’âne et b) d’augmenter les angles d’attaque et de fuite pour réduire la probabilité de cette rencontre.

Notez aussi la galerie de toit fonctionnelle (qui accueillera forcément des accessoires lifestyle que personne n’utilisera jamais comme une tente ou une rampe de phares longue portée), les feux de jour additionnels sur le capot, ou la prise d’air dorsale à l’arrière du toit. C’est son snorkel à elle, pour alimenter le moteur en air propre et éviter l’intrusion d’eau ou de poussière. Il y a enfin ces bonnes grosses ailes boulonnées, autour de voies élargies de 30 mm à l’avant et 34 mm à l’arrière.

Le moteur lui-même est celui d’une Huracán RWD, à savoir un V10 5.2 atmosphérique développant 610 ch et 560 Nm, avec un rupteur à 8 700 tr/min. Il a droit à sa propre cartographie mais étant donné que la puissance maximale est atteinte à 6 500 tr/min, il faudra toujours le cravacher. Avec une bande-son aussi addictive, voilà qui ne sera JAMAIS un problème. Pourquoi la spec la plus modeste du catalogue ? Sans doute pour privilégier la facilité de conduite et la robustesse : 30 ch de plus ne seront d’aucune utilité pratique sur les terrains de jeux favoris de la Sterrato.

Le V10 est toujours associé à une boîte à double embrayage et sept rapports, et une transmission intégrale. Il y a maintenant un inédit réglage Rally sur le sélecteur de mode Anima, en plus de Strada (route) et Sport (euh… Sport). Ce dernier privilégie largement l’arrière, pour plus d’angle et donc de plaisir. L’habitacle profitera lui aussi de quelques garnitures spécifiques pour une ambiance un peu plus baroudeuse.

Mais le plus important — et le plus évident – est assurément la suspension. Elle repose sur des roues plus petites (19 pouces pour les quatre) chaussées de pneus off-road à flancs plus hauts et à sculptures beaucoup plus agressives. Les freins sont des carbone-céramique, ce qui nous paraît plutôt moins logique que des disques en acier pour cet usage moins exigeant en performances mais sans doute davantage en robustesse. Mais après tout ils marchent très bien sur les Huracán standard, alors…

La suspension voit son débattement augmenter de 25 % à l’avant et 35 % à l’arrière, sur une garde au sol en hausse de 44 mm par rapport à une Huracán Evo. Un système hydraulique permettra de relever le museau d’encore 40 mm ponctuellement pour passer les dos d’âne les plus coriaces. Avec autant de débattement en plus, la Huracán rebondira moins dans le dur, ce qui profitera à la facilité de conduite, donc au fun. Et rappelez-vous, ce n’est pas censé aller chercher un Defender dans un sous-bois, c’est une supercar de rallye. Elle fera sûrement des heureux sur les marchés ou la qualité des infrastructures limite encore considérablement l’usage d’une supercar, au hasard la Chine.

Premières impressions ? De visu, la Sterrato sonne juste. La Huracán n’a jamais été une « jolie » voiture. Agressive et extrêmement charismatique, oui, mais c’est surtout un cocktail de testostérone et de géométrie. Loin de la dénaturer, ce shoot de protéines lui va très bien. À part peut-être les deux projecteurs à LED sur le museau, qu’on aurait aimés mieux intégrés. Sinon, on valide à 200 %.

Les perfs ? On parle ici d’un 0 à 100 km/h en 3,4 s, d’un 0 à 200 km/h en 9,8 s et d’une vitesse bridée à 260 km/h. Mais tout ça, ce ne sont que des chiffres. Ici, l’idée était d’étendre la zone de confort de la Huracán, afin de pouvoir mieux en profiter, plus souvent. Parce que dans la vraie vie, on est souvent plus près d’un chemin de terre que d’un circuit de course… Utilisable dans de nouveaux environnements, potentiellement plus amusante que les autres Huracán dans leur habitat, la Sterrato a bien toutes les chances d’être la meilleure de toutes.

 

 

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