Lamborghini veut réduire ses émissions du puits à la roue de 40 % d’ici 2030

On fait le point sur la feuille de route de Lamborghini, dont la gamme comptera quatre modèles à l'arrivée de la Lanzador électrique en 2028.

Paul HORRELL
Publié le : 12 février 2024

Selon Lamborghini, même les supercars et les super-SUV pourraient, en quelques années, réduire leur empreinte environnementale de près de 40 % sur l’ensemble de leur cycle de vie.

L’idée est de ne pas se contenter de réduire les émissions des voitures lorsqu’elles roulent – essentiellement par l’électrification – mais aussi lorsqu’on les fabrique. Ce qui implique la généralisation des énergies renouvelables et la maximisation de l’efficience non seulement à l’usine de Sant’Agata, mais aussi chez toute la chaîne des fournisseurs.

La marque a longtemps utilisé l’avion pour livrer ses voitures à ses concessionnaires, mais recourt maintenant beaucoup au bateau et au train. Tout est bon à prendre.

40 % de réduction des émissions globales par voiture d’ici 2030, c’est donc l’engagement de Lamborghini. Qui implique de prendre en compte dans les calculs que l’empreinte environnementale de la partie production va nettement augmenter à cause des batteries.

Mais d’abord, les voitures. Dans la foulée du lancement d’une Revuelto (légèrement) hybride rechargeable l’année dernière, on découvrira sous peu un Urus PHEV. Il aura de toute évidence une bien plus grosse batterie que l’hypercar, puisque lui devra être capable de rouler plusieurs dizaines de km en 100 % électrique au quotidien afin de réduire au maximum sa consommation et ses émissions WLTP.

Cette année, on découvrira aussi la remplaçante de la Huracán, hybride rechargeable elle aussi. Résultat, dès 2025, ces trois voitures auront déjà réduit de moitié les émissions moyennes du parc par rapport à la gamme 2021.

La dernière phase commence en 2028 avec l’arrivée de la Lanzador, première Lamborghini 100 % électrique. Un engin à la croisée des chemins entre supercar, coupé 2+2 et SUV. L’allure du concept de l’an passé, qui ne changera pour ainsi dire plus selon la marque d’ici la production, nous a beaucoup séduits, la luminosité de son habitacle aussi. Sans parler de ses deux moteurs développant 1 350 ch cumulés, ou de son aéro active.

Une fois la Lanzador en vente, Lamborghini aura donc quatre modèles à son catalogue, un record (on ne compte pas les innombrables one-off). Quoique, il y a peut-être eu un moment à la fin des années 1970 où les premières Silhouette ont cohabité avec les dernières Uracco, en plus de la Countach et de l’Espada… Même eux n’ont jamais dû trop savoir.

Mais revenons à nos taureaux. En 2029, l’Urus sera remplacé à son tour, lui aussi par un modèle 100 % électrique.

Électrifier n’importe quelle Lamborghini profitera à ses performances, souligne le PDG Stephan Winkelmann. « Il y a un prérequis. Les clients veulent que les nouvelles voitures soient plus performantes que les actuelles. Nous devons tenir cette promesse. La performance, de plusieurs manières. »

L’électrification signifie qu’en 2030, si tout se passe bien, les émissions sur la route auront baissé de 80 % par rapport à 2021. Ce sont des chiffres WLTP, qui supposent que le réseau soit neutre en carbone (ça paraît crédible à cette date) et que chacun branche son hybride rechargeable aussi souvent qu’il se doit. Ca fait beaucoup de notes de bas de page, mais c’est toujours ça.

Encore un peu de maths. Au cours de la vie de presque n’importe quelle voiture, les émissions liées au roulage sont plusieurs fois supérieures à celles résultant de sa construction. Au moins cinq fois pour les électriques, environ huit fois pour les thermiques. C’est donc une priorité.

Néanmoins, les émissions liées à la production ne sont pas négligeables pour autant. D’ailleurs, dans le cas de bon nombre d’hypercars qui ne rouleront quasiment jamais, cela représente la totalité de leur cycle de vie… J’ai donc demandé à Lamborghini quel kilométrage moyen ils prenaient en compte pour leur calcul des « 40 % de réduction à l’horizon 2030. »

Ce ne sont pas les 200 000 km utilisés à l’échelle du groupe Volkswagen, mais plutôt 150 000 km (pensez Urus plutôt qu’Aventador, c’est lui qui fait le gros des ventes). En d’autres termes, pour Lamborghini, les émissions à la fabrication représentent une proportion plus importantes des émissions totales sur l’ensemble du cycle de vie par rapport à une voiture lambda.

C’est pour cela que Lamborghini table sur des émissions totales réduites de « seulement » 40 % sur l’ensemble du cycle de vie, malgré 80 % de réduction des émissions à la conduite. Avec l’électrification du marché, les émissions liées à la fabrication vont grimper.

C’est pareil chez tous les constructeurs, mais pour ceux qui utilisent de grosses batteries et dont les voitures roulent peu, réduire les émissions de plus de 40 % est une gageure. De plus petites batteries et de plus gros kilométrages permettent des baisses proportionnellement plus spectaculaires.

Lamborghini estime qu’il est important de limiter son empreinte environnementale même sans y être forcé par la loi. Winkelmann se soucie de l’opinion publique. « Nos clients savent dans quel monde nous vivons. Ils ont envie qu’ont lève le pouce à leur passage. Ce que disent les non-acheteurs est encore plus important que ce que disent les acheteurs. »

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