Audi Sport a l’intention de multiplier ses ventes par deux d’ici 2023. Une partie de ces volumes viendra de la conquête de nouveaux marchés. La nouvelle RS6 Avant est par exemple disponible pour la première fois aux Etats-Unis. Mais quid de l’électrification ? Que va devenir la R8 ? Voilà ce qu’en pense Oliver Hoffmann, le directeur général d’Audi Sport.

« La décision n’a pas encore été prise quant à la technologie et la plate-forme de la prochaine génération de R8. Mais celle-ci devra répondre à toutes les réglementations du monde, ce qui signifie qu’elle sera forcément électrifiée d’une manière ou d’une autre. D’un autre côté, le modèle actuel est à la base de notre programme compétition client et nous devons continuer à satisfaire cette demande à l’avenir. »

Ça fait déjà quelques bricoles à digérer. D’abord, ça veut dire qu’il y aura une troisième génération de R8. Cependant, la R8 actuelle ne s’est pas aussi bien vendue que sa devancière. La concurrence s’est densifiée, les tarifs ont pris de l’altitude.

Les ventes ont ainsi stagné autour de 1 200 voitures par an en Europe. Ce coup de mou a conduit Audi à mettre le paquet sur les R8 GT3 et GT4 compétition client, qui partagent une bonne moitié de leurs pièces avec la R8 de série et ont été alignées sur plus de 700 courses l’année dernière. Ce que le Dr Hoffmann suggère, c’est que la marque devra honorer cet engagement en course. Et ça, ça plaide bien plus en faveur de l’hybridation que d’une voiture 100 % électrique.

« Nous travaillons en étroite collaboration avec les gars de la course autour des technologies de batterie, d’électronique de puissance, et toutes ces choses-là. Ce serait l’occasion de faire rejaillir notre expérience en sport auto sur nos voitures de série. »

La R8 actuelle partage ses dessous avec la Lamborghini Huracán qui a tout intérêt à ne pas renoncer à son V10 au profit d’un V8 turbo comme chez Ferrari ou McLaren, sous peine de perdre son atout maître. La R8 et l’Huracán pourraient donc conserver leur V10 et tout simplement l’hybrider.

La R8 est produite sur le même site de Neckarsulm que l’imminente e-tron GT, cousine de la Porsche Taycan qui devrait comme cette dernière approcher les 800 ch. À côté, ou en comparaison du concept PB18 e-tron de Pebble Beach 2018 qui avait ouvert la voie à une future R8 100 % électrique, un V10 hybride risque de passer pour une solution à court terme…

J’interroge le Dr Hoffmann sur les chiffres de puissance, et lui demande si ça commence à plafonner.

« Il y a une forte demande de la part de nos clients pour toujours plus de puissance. Et l’électrification est un pilier de notre avenir, pour respecter toutes les réglementations environnementales à travers le monde mais aussi pour gagner en puissance. C’est donc une opportunité de franchir un palier dans la puissance totale du système. Je me rappelle qu’il y a quelques années, tout le monde ne parlait que de downsizing et d’allègement, mais la puissance est toujours au centre des préoccupations de nos clients. Et l’électrification des plates-formes est une solution pour répondre à cette demande. »

Oui, mais quid du poids ? « C’est le défi de la prochaine génération de modèles RS. Nous allons électrifier notre gamme, et le poids est toujours la principale contrainte quand on développe des voitures hybrides. »

Et le son ? « Nous travaillons très dur pour concevoir un son électrique spécifique. L’une des solutions est de reproduire artificiellement le bruit d’un moteur thermique, mais ce n’est pas la bonne réponse. À mon avis, l’avenir est à un son spécial pour les voitures électriques, et distinctif entre les marques. »

Voilà donc ce qui nous attend chez Audi Sport : l’électrification est en marche, et les prochaines voitures seront plus performantes et plus lourdes. La routine, finalement.