Audi : l’A1 menacée, une A2 et une R8 électriques à l’étude

Le patron d'Audi nous parle aussi du projet Artemis, la future arme anti-Tesla d'Ingolstadt

Paul Horrell
Publié le : 15 février 2021

Le quattro. La structure en aluminium. Le TDI. Les berlines ultra-aérodynamiques. Audi a l’habitude d’être un pionnier. C’est ce qui nous a donné l’Ur-quattro, l’A2, ou la R8. Ensuite, ça s’est un peu calmé et Audi est devenu avant tout synonyme d’habitacles léchés et de marketing millimétré.

Il y a bientôt un an, un nouveau PDG, Markus Duesmann, est arrivé de chez BMW.  Cet ingénieur n’est pas juste le patron de la marque, il a aussi la casquette de la R&D. Et quand Top Gear lui demande si Audi compte redevenir un leader technologique, sa réponse est claire. « Le style est important aux yeux de nos clients, mais Vorsprung durch Technik [le progrès par la technique] demeure notre slogan. Nous avons décidé de remettre la technologie sur le devant de la scène. »

Le premier exemple qu’il nous donne est le projet Artemis. Markus Duesmann est personnellement responsable de cette équipe de développement qui fonctionne presque en vase clos par rapport au reste du groupe Volkswagen. La première voiture au programme est une Audi, suivie d’une Bentley et d’une Porsche. « C’est une voiture électrique, dit Duesmann, avec un nouveau réseau embarqué et une conduite autonome de niveau 4. »

Elle est prévue pour 2024 même si, lorsqu’on a insisté un peu, Duesmann a reconnu que le système de conduite autonome n’était vraiment pas simple à développer, et ne serait peut-être pas encore disponible au moment du lancement de la voiture. « Le monde entier se débat avec ça. »

Mais l’Artemis pourra-t-elle rivaliser avec les Tesla d’un point de vue logiciel ? « C’est l’objectif. Tesla a posé des jalons technologiques dans certains domaines. Nous les observons. Mais avec l’e-tron GT, nous pouvons d’ores et déjà mettre en avant la qualité de notre intérieur et notre service client. »

Duesmann mentionne aussi le projet symétrique chez la marque Volkswagen, baptisé Trinity. « Il utilisera la technologie de l’Artemis pour des voitures de plus grande diffusion, deux ans plus tard. »

« Tesla a posé des jalons technologiques dans certains domaines. Nous les observons »

C’est un homme très occupé. Il est aussi à la tête du département software du groupe, soit des milliers d’ingénieurs développant en interne des codes pour l’électronique de puissance, les systèmes de contrôle, de communication et de conduite autonome sur les voitures du groupe Volkswagen.

Jusqu’à présent, c’étaient des fournisseurs externes qui s’en chargeaient, au risque de provoquer des bugs quand on reliait le tout. C’est ce qui a retardé l’ID.3, une erreur spectaculairement coûteuse dont Volkswagen a tiré les leçons.

Il nous parle après le lancement de l’e-tron GT. À quel point est-elle différente de son alter ego Porsche, la Taycan ? « C’est une GT, moins sportive que la Porsche. Elle est calibrée pour la clientèle Audi. Et vous pouvez décider quel design vous préférez, c’est subjectif. »

Audi a donc en rayon l’e-tron, l’e-tron Sportback, la nouvelle e-tron GT, et bientôt les Q4 et Q4 Sportback. L’Artemis viendra s’ajouter à tout ça, et probablement des dérivés du projet Trinity. Ça fait beaucoup de voitures électriques. Cela impliquera-t-il de tuer des modèles existants pour faire de la place dans les usines et les concessions ?

« Nous faisons des voitures exclusivement électriques. » En d’autres termes, Audi ne commercialisera pas de voitures disponibles à la fois avec des moteurs thermique et électriques. Ce sera l’un ou l’autre. « Nous rognerons donc certainement sur notre gamme thermique dans les dix prochaines années. »

La plus petite voiture de la gamme, notamment, a du souci à se faire. « Nous nous interrogeons sur l’A1. Nous discutons encore de ce que nous allons faire pour les petites voitures. Nous sacrifierons probablement le Q2. »

Avant de lâcher une autre nouvelle fracassante, une qui nous fait grand plaisir. « J’aimais beaucoup l’A2 [en photo ci-dessous]. Peut-être devrions-nous faire une nouvelle A2. Pourquoi pas électrique, que l’on pourrait appeler E2. » Il souligne au passage l’intérêt architectural des motorisations électriques pour le rapport encombrement/habitabilité.

L’e-tron GT est produite sur la même chaîne que la R8 à Neckarsulm. Pourquoi ne pas faire de la troisième génération de R8 une voiture elle aussi électrique ? « Ce n’était pas l’idée initiale, dit-il. Mais cela pourrait avoir du sens. Nous pourrions le faire si nous le voulions. »

Bref, le Vorsprung durch Technik a encore de beaux jours devant lui.

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